Ils sont votre épouvante
et vous êtes leur crainte
Thierry Joncquet
Résumé :
Département du 93, septembre 2005. Anna Doblinsky, une jeune diplômée
d'un IUFM, rejoint son premier poste au collège Pierre-de-Ronsard à
Certigny. HLM, zone industrielle, trafics de drogue, bagarres entre
bandes rivales et influence grandissante des salafistes, le décor n'est
pas joyeux. Dès le premier jour, Anna est brutalement rappelée à sa
judéité par des élèves mus par un antisémitisme banal et ordinaire.
Lakdar Abdane, un jeune beur particulièrement doué, ne demanderait,
lui, pas mieux que d'étudier, mais n'y arrive pas depuis qu'il a perdu
l'usage d'une main. Tout serait-il écrit ? Certes non, mais une fois
enclenchées, il est des dynamiques qui ne s'arrêtent pas aisément. Et
la mort est au bout. Commencé bien avant les émeutes des banlieues et
le meurtre d'Ilan Halimi, ce roman dit des territoires que la
République se doit de reprendre au plus vite à la barbarie.
Commentaires
Le "polar" en lui même ne m'a guère passionnée.
MAIS
Le thème, que je trouve rapprochant d'un documentaire, interpelle, que dis-je, donne froid dans le dos. Sont évoqués (condamnés) : la détérioration du
lien social, le "parcage" des populations en périphéries, le développement du
racisme, globalement un
tableau bien noir, mais hélas réel, de la "banlieue". Tout cela est-il traité exagérément dans ce roman ? Je ne crois pas : cette réalité, on peut la lire tous les jours dans la presse écrite... et la plupart des "thèmes forts" est d'ailleurs tirée de faits réels...
Pour certains (article paru dans "Le Monde" du 15 novembre, il ne s'agit que d'un "délire
d'un ancien gauchiste qui aurait tourné « néoréac » pour les uns,
ouvrage courageux, en rupture avec l'« angélisme » antiraciste, pour
les autres".
Faites vous votre opinion.
Citations
L'auteur cite lui-même Victor Hugo, qui écrit, en juin 1871, en songeant aux Communards:
Étant les ignorants, ils sont les incléments
Hélas combien de temps faudra t-il vous redire
À vous tous que c’est à vous de les conduire
Qu’il fallait leur donner leur part de la cité
Que votre aveuglement produit leur cécité
D’une tutelle avare, on recueille les suites
Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes.
Vous ne les avez pas guidés, pris par la main
Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin,
Vous les avez laissés en proie au labyrinthe
Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte
C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité.
Ils errent; l'instinct bon se nourrit de clarté"