de Christian Bobin
Présentation de l'éditeur :
Albe est une petite fille de deux mois. Son père vend des assurances vie. Sa mère lit des manuscrits. Albe va encore grandir et apprendre la vie. Elle va découvrir une chose des plus essentielles et que beaucoup oublient : « Pour atteindre le lointain, il faut passer par le proche. Or le proche ne se laisse pas atteindre si aisément. »
Mon sentiment au sujet de ce roman :
J'aime... J'aime... J'aime : un peu, beaucoup, passionnément, à la folie !
(un roman que je laisserai dans mon sac à main, en tout cas quelques temps)
'Il" a dit : "J'écris comme je vis, c'est à dire au présent. Le présent revit ensuite et devient le présent du lecteur. Comme lecteur je ressens certains livres comme des cadeaux."
Quel beau cadeau, encore, vous m'avez fait aujourd'hui, merci...
Morceaux choisis (mon dieu, comme c'est difficile de choisir ! à chaque page les mots sont uniques et précieux...) :
« Peindre, de sa façon à lui, c'est comme le pain sur la table ou l'eau sur la terre. C'est inventer une urgence, répéter sans fin un acte simple. C'est se nourrir des lumières qui sont partout dans les saisons, dans les allées du sang comme sur le visage sans ombre d'une enfant de deux mois. »
« Du temps passe. A vingt ans, on danse au centre du monde, A trente, on erre dans le cercle. A cinquante, on marche sur la circonférence, évitant de regarder vers l'extérieur comme vers l'intérieur. Plus tard, c'est sans importance, privilège des enfants et des vieillards, on est invisible. »
« C'est le malheur qui fait les vrais peintres. La joie donne des couleurs bien trop pâles, à la rigueur des aquarelles, des papiers peints, mais certes pas de grands oeuvres, n'est-ce pas ? »
« On dirait que les mots éveillent un chagrin, et les changent aussitôt en colère. »
« (Le cheval) ne bouge pas. Il attend. Il attend une poignée d'herbes, la fin du monde, l'ouverture des barrières. »
« Ce n'est pas compliqué, la vie. Il suffit de trois fois rien. »
« La lecture, c'est pratique, ça vous prend dans ses bras et ça vous emmène toute légère jusqu'au sommeil, jusqu'à l'oubli. »
« Il y a une méchanceté dans le coeur, si enfoncée qu'on ne pourrait l'enlever sans mourir aussitôt. On appelle ça le désir. »
« Ce qui est vraiment dit, ce n'est jamais avec des mots que c'est dit. Et on l'entend quand même. Très bien. »
« Le ciel d'été. La grande fleur nocturne du ciel d'été. On se promène là-dessous comme sous les grands plafonds de l'enfance. »
« On s'enferme sagement(...). Chacun dans son coeur plié en quatre. Demain, on le dépliera. On verra ce qui était caché dedans. Peut-être tout. Peut-être rien. Ce soir, ça ne compte pas. Il y a des soirs comme ça.
« Il y a deux manières de mentir. On peut inventer. On peut dire aussi la vérité en passant, d'une voix menue, comme une chose parmi tant d'autres sans importance. C'est la plus élégante façon de mentir. »
« Ils ouvrent la fenêtre sur un ciel talentueux, rose et gris, avec des passages orangés. »
« Voyager, c'est une fête : on met la clef sous la porte, on se laisse à l'intérieur. On se donne rendez-vous à l'étranger. On regarde les rues, le ciel et les maisons. On se regarde soi-même dans les vitrines, étonné d'être où l'on est - c'est à dire ailleurs. On a changé. On est aussi neuf que ce que l'on voit. »