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Le bruit des vagues
10 mars 2011

dernière lecture : Sensitive

de Shenaz Patel

Shenaz_Patel_Sensitive

Présentation de l'éditeur ;
Une petite Mauricienne écrit au Bondié. Elle lui adresse ses lettres, des phrases qui parlent du monde qui l'entoure. Mais les écrit-elle vraiment ? Peu importe, puisqu'elles lui permettent de parler, avec ses mots à elle, de son institutrice, de ses amis Ton Faël et Nadège, et des ouvrières de l'usine qui va fermer. De sa mère, de l'amour/haine qui les lie. Et, pesant sur sa vie comme une ombre à peine visible, de son beau-père.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
La sensitive est une plante dont les feuilles se referment dès le moindre contact. Originaire du Brésil, elle pousse communément dans les cours et les jardins de l’île Maurice.
Ici, la petite fille aussi est "sensitive".
Elle raconte, dans son journal qu’elle écrit au Bondié, avec pudeur et lucidité, ce conflit insoluble qui la déchire, partagée entre son appétit de vivre et sa révolte devant l’injustice – celle qui lui est faite comme celle qui frappe les autres.
C'est une très belle écriture, pour une histoire triste et douloureuse.

Morceaux choisis :
"Je suis trop grande pour croire aux tours de la marraine de Cendrillon".
"Tous les matins, j'entends le bus de l'usine grimper la côte. Il vient chercher les ouvrières chinoises à 6 h 30. Et puis je l'entends à nouveau qui les ramène le soir vers dix heures.L'autre jour, à la radio, un ministre a déclaré, en insistant beaucoup, qu'il fallait que les producteurs locaux soient plus productifs, qu'ils prennent pour modèle les ouvrières chinoises. Juste après, ils ont diffusé un discours du président de la République dans une fête religieuse. Il disait que nous devons faire attention à ne pas perdre nos valeurs et que nous devons préserver et développer le sens de la famille. C'était joli à entendre.
Pourtant, entre les deux, il me semble qu'il y a quelque chose qui cloche."

Il paraît que je suis trop petite.
Alors en attendant, je voulais juste te dire que je suis si contente de t'avoir crée.
Oui je sais, on dit que c'est l'inverse. Que c'est Dieu qui crée les hommes. Mais bon...
On dit beaucoup de choses.
En ce moment, on n'arrête pas de répéter qu'il faut prendre en compte les enfants parce qu'ils sont les adultes de demain.J'aimerais que quelqu'un dise qu'on est les enfants d'aujourd' hui.
Je fais le tournesol...
C'est ce que je leur dirai, la prochaine fois, quand je jouerai à mon jeu favori dans la cour de l'école. Les autre filles me regardent d'un air méprisant, elles disent que c'est un jeu de petits et que je dois être un peu attardée pour jouer encore à ça. Si elles se donnaient la peine d'essayer, elles sauraient.
C'est tellement bon. Tu tournes, tournes, tournes, les bras ouverts en avion, les pieds tout près l'un de l'autre, et tu sens peu à peu un courant d'air te monter le long des jambes, juste un frisson d'abord, puis ça s'accélère, ça te soulève la jupe en parasol autour de toi, et ça remonte le long des bras qui fouettent l'air comme une hélice, et ça te monte à la tête, qui tourne, qui tourne, à l'extérieur et puis au fur et à mesure à l'intérieur aussi, à l'intérieur, ça tourne, ça tourne, ça fait un grand vertige qui t'attire, encore plus vite, toujours plus vite, et ça entraîne dans un grand mouvement tout ce qu'il y a autour de toi, tout ce qu'il y a à l'intérieur de toi, tout se dissout dans ce mouvement qui tourne, qui tourne, qui tourne...
Juste au moment où tu vas t'envoler, c'est la chute. Mais pendant quelques secondes, les choses continuent à tourner autour de toi avec une drôle de sensation au creux de l'estomac.


Shenaz Patel, 5 Questions pour Île en île

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