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Le bruit des vagues
17 janvier 2016

dernière lecture : La tête en friche

De Marie-Sabine Roger

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5 etoiles

Présentation de l'éditeur : 
"Ce qu'ils mettent au dos des romans, je vais vous dire, c'est à se demander si c'est vraiment écrit pour vous donner l'envie. En tout cas, c'est sûr, c'est pas fait pour les gens comme moi. Que des mots à coucher dehors - inéluctable, quête fertile, admirable concision, roman polyphonique...- et pas un seul bouquin où je trouve écrit simplement : c'est une histoire qui parle d'aventures ou d'amour - ou d'indiens. Et point barre, c'est tout."
Née en 1957, Marie-Sabine Roger se consacre entièrement à l'écriture. Son travail est très reconnu en édition jeunesse, où elle a publié une centaine de livres, souvent primés. Pour les adultes, elle a notamment écrit "Un simple viol" (Grasset, 2004), et des nouvelles publiées chez Thierry Magnier, "La théorie du chien perché" (2003) et "Les encombrants" (2007).

Mon sentiment au sujet de ce roman : 
C'est une histoire à la fois simple et banale, et qui semble, pourtant, plutôt surréaliste, enfin je crois..., dans ce monde où nous vivons aujourd'hui... Parce qu'elle raconte l'improbable rencontre entre un homme quasi analphabète, plutôt grossier et mal éduqué (genre grosse racaille, diraient mes filles), avec une très vieille femme, passionnée de lecture, douce, cultivée et fragile. Curieusement, ils deviennent; petit à petit, amis, pourrait-on dire inséparables ? et se retrouvent de plus en plus souvent dans le jardin de ville pour partager des moments de lecture (enfin la vieille dame fait la lecture au garçon, qui serait bien incapable de déchiffrer 3 paragraphes à la suite...). S'ensuivent des réflexions, souvent vraiment drôles !
Je ne sais pas par quel tour de passe-passe, Marie-Sabine Roger m'a emmenée avec elle, observant un peu de loin, ces deux lascars, m'attachant à eux. J'étais là, dans le joli jardin de Ville, vers chez moi, où se trouvent, tout le long d'une promenade jalonnée d'arbres centenaires et majestueux, des bancs, et, tout au fond du jardin, la maison de retraite. Le cadre est superbe, les pigeons sont bien là, les jeunes côtoient les vieux. Cette histoire, sous mes yeux,  prenait vie, et les personnages à chaque instant devenaient de plus en plus attachants. 
Des vraies personnes, là, comme on en croise tous les jours, et qui ont leur histoire, si on prenait un peu le temps de les écouter...
Inutile de vous préciser, je pense, à quel point j'ai adoré ce roman.
Oh là là, vous allez finir par m'en vouloir ! Je viens de voir la loooongue liste de citations. En général, c'est plutôt bon signe... Et puis, vous n'êtes pas obligés de tout lire, hein ?

Morceaux choisis : 
"Les mots ce sont des boîtes qui servent à ranger les pensées, pour mieux les présenter aux autres et leur faire l'article. Par exemple, les jours où on aurait l'envie de frapper sur tout ce qui bouge, on peut juste faire la gueule. Mais du coup, les autres peuvent croire qu'on est malade, ou malheureux. Alors que si on dit d'une façon verbale, Faites pas chier, c'est pas le jour! ça évite les confusions".
"Des fois, je me dis que les dingues, on a dû les dresser à devenir méchants à coups de vacheries. Un clébard, si vous voulez le rendre con, suffit de le tabasser sans raison.Un homme, c'est pareil, à part que c'est plus simple. Pas besoin de lui cogner dessus, même pas. Se foutre de sa gueule, ça suffit".
"Lorsque j'ai rencontré Margueritte, j'ai trouvé ça compliqué, d'apprendre le savoir. Ensuite, intéressant. Et puis flippant, parce que, se mettre à réfléchir, ça revient à donner des lunettes à un myope. Tout semblait bien sympa, tout autour : facile, c'était flou. Et tout d'un coup, on voit les fissures, la rouille, les défauts, tout ce qui part en couille. On voit la mort, le fait qu'on va devoir quitter tout ça et même pas forcément d'une façon marrante. On comprend que le temps, ça fait pas que passer : ça nous pousse à crever un peu plus tous ls jours, des deux mains dans le dos. Il n'y a pas de pompon à choper pour faire un tour gratuit, sur le manège; On fait son tour de piste et point barre : on s'en va. Franchement, pour certains, la vie, c'est une belle arnaque".
"En marchant, je repensais à ce truc,qu'elle venait de me lire. A part les rats, y avait d'autres moments que j'avais bien aimé. Par exemple le coup du voisin qui veut se suicider et qui écrit à la craie sur sa porte : Entrez, je suis pendu. Entrez, je suis pendu ! ça tue, un truc pareil, non ? Qu'est ce qu'il pouvait bien avoir dans la tronche, ce Camus, pour inventer des conneries pareilles ! Quoique des fois, la vie..."
"Il ne fat pas aimer les livres en égoïste. Pas plus les livres qu'autre chose, en fait.  Nous ne sommes sur terre que pour être passeurs, voyez-vous... Apprendre à partager ses jouets, voilà probablement la leçon la plus important à retenir, dans la vie..."
"(...) les chagrins des autres, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, ça ne console pas des nôtres".
"Le problème, c'est que je dis les choses que je pense avec les mots que j'ai appris. Forcément, ça limite. C'est peut-être pour ça que j'ai l'air trop direct, à force de parler toujours en ligne droite. mais un chat c'est un chat, et un con, c'est un con. J'y peux rien, si les mots existent. Je m'en sers et c'est tout. Y'a pas de quoi fouetter une pendule."
"Réfléchir, ça m'aide à penser".
"J'aime bien quand elle rigole. En même temps, ça fout la trouille, j'ai toujours peur qu'elle manque d'air. Ces petits vieux, ça commence par se marrer, puis ça tousse comme un diesel, ça vous fait une fausse route et ça vous claque entre les doigts. Pour se fendre la gueule, il faut de l'habitude. Sinon, c'est dangereux. Quoique, tant qu'à mourir."
"L'affection, ça grandit sous cape, ça prend racine malgré soi et puis ça envahit pire que du chiendent. Ensuite, c'est trop tard : le coeur, on ne peut pas le passer au Roundup pour lui désherber la tendresse".
"Quand on aime quelqu'un, il nous fait plus de peine à lui tout seul en étant malheureux, que tous ceux qu'on déteste s'ils se mettaient ensemble à nous pourrir la vie".
"Observer, c'est regarder utile, en se disant qu'on veut se souvenir. Et du coup, on voit mieux. Forcément. On voit même ce qu'on aurait préféré pas savoir (...)".

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Commentaires
N
Eh non, tu n'aimes pas les livres en égoïste... C'est super pour nous avec tout ce que tu lis. Merci pour ces pages partagées ! J'ajoute ce livre sur ma liste sans hésiter !<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Nath
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C
Tous les romans de cette auteure sont plein de poésie et de choses simples de la vie. J'aime .... biz Lyne
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J
le film avec Depardieu ( que pourtant je n'adore pas d'habitude ) et Gisèle Casadesus est très bien fait et fidèle je pense au roman ; j'ai adoré cette histoire <br /> <br /> JINe
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Le bruit des vagues
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