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Le bruit des vagues
29 novembre 2013

dernière lecture : Trois chevaux

de Erri De Luca

51ZMJH98Y6L

¬¬¬¬¬

Présentation de l'éditeur :
«Je monte sur la passerelle, je ne pense à personne, je suis la dernière feuille de l'arbre et je me détache sans être poussé.
Je ne pense pas à la jeune fille aimée, suivie jusqu'à faire partie de son pays.
Maintenant je sais qu'elle est au fond de la mer, jetée au large du haut d'un hélicoptère, les mains attachées. A vécu pour moi, est morte pour offrir des yeux aux poissons.»
Le narrateur, Italien émigré en Argentine par amour, retourne ainsi au pays. En Argentine, sa femme a payé de sa vie leur combat contre la dictature militaire. Lui, le rescapé, a appris que la vie d'un homme durait autant que celle de trois chevaux. Il a déjà enterré le premier, en quittant l'Argentine. Il travaille comme jardinier et mène une vie solitaire lorsqu'il rencontre Làila, qui «va avec des hommes pour de l'argent», et dont il tombe amoureux. Il prend alors conscience que sa deuxième vie touche aussi à sa fin, et que le temps des adieux est révolu pour lui.

Récit dépouillé à l'extrême, Trois chevaux évoque la dictature argentine, la guerre des Malouines, l'Italie d'aujourd'hui. Puis, à travers une narration à l'émotion toujours maîtrisée, où les gestes les plus simples sont décrits comme des rituels sacrés, et où le passé et le présent sont étroitement imbriqués, pose la question des choix existentiels que nous sommes amenés à faire - partir, rester, tuer, laisser vivre - et interroge la notion de destin.

 

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Mais bien sûr, que je sais que c'est là un très bon livre. Bien sûr, que je l'ai ressenti. Que j'ai été troublée. Déroutée.
Pour tout dire, j'ai même fini par éprouver un malaise. 
Trop...
Un peu comme quand on décide l'aller manger à l'Auberge de Malatras.
Tout y est exquis, subtil, surprenant. Délicieux. Pourtant, je sors toujours de cet endroit déroutée : trop de mélanges fins, trop d'expériences culinaires et d'émotions gustatives. Je crois que j'aurais tout, absolument tout adoré, mais séparément. 
Pour le roman d'Erri de Luca, c'est exactement pareil. Une page par jour eût été mieux (mais impossible, évidemment !). Pour pouvoir déguster vraiment.
Enfin, ça, c'était juste avant que la fin s'annonce, parce que lorsque s'ébauche le dénouement de ce roman (conte ?), il ne reste que le beau. Le très beau.
Un roman avec des passages magnifiques. Un véritable monde parallèle. Un plongeon dans la poésie. A toutes les pages. C'est beaucoup... 
Peut-on lire en gardant les yeux écarquillés ?

 

Morceaux choisis :
"Les livres neufs sont impertinents, les feuilles ne se laissent pas tourner sagement, elles résistent et il faut appuyer pour qu'elles restent à plat. Ls livres d'occasion ont le dos détendu, les pages, une fois lues, passent sans se soulever".
"La géométrie des choses environnantes fait naître des coïncidences, des rencontres".
"Une cafetière sur le feu suffit à remplir une pièce".
"Je lis les vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont lus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies".
"Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait".`
"Au cours de la journée, mon corps obéit, et il obéit à tout ce dont je le charge, mais ensuite, une fois son office rempli, il m'envoie courir après le vent et me tire à vide, heureux".
"Il y a des créatures destinées les unes aux autres qui n'arrivent jamais à se rencontrer et qui se résignent à aimer une autre personne pour raccommoder l'absence. Elles sont sages".
"La guerre, c'est quand les jeunes rêvent de devenir grand-pères".
"Je ne crois pas aux écrivains, mais à leurs histoires"
"C'est ce que doivent faire les livres, porter une personne et non pas se faire porter par elle, décharger la journée de son dos, ne pas ajouter leurs propres grammes de papier sur ses vertèbres".
"Il y a des humilités qui grandissent un homme".
"Un homme prie et augmente ainsi la substance au ciel. Les nuages sont pleins du souffle des prières".
"Je sais que je suis un homme maintenant car je suis la plus dangereuse des bêtes".
"Je prends le livre ouvert à la pliure, je me remets à sn rythme, à la respiration d'un autre qui raconte. Si moi aussi je suis un autre, c'est parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes".
"Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie".

« Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre, et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. Le moteur qui pousse la lymphe vers le haut dans les arbres, c'est la beauté, car seule la beauté dans la nature s'oppose à la gravité. Sans beauté l'arbre ne veut pas. C'est pourquoi je m'arrête à un endroit du champ et je lui demande : « ici tu veux ? » Je n'attends pas de réponse, de signe dans la main qui tient son tronc, mais j'aime dire un mot à l'arbre. Lui sent les bords, les horizons et cherche l'endroit exact pour pousser. Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur les soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait. »

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