dernière lecture : des hommes
de Laurent Mauvignier
Résumé :
Ils ont été appelés en Algérie au moment des "événements", en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Mon sentiment, au sujet de ce roman :
C'est un livre encensé par la presse.
Moi je dirais que l'auteur a le don de tourner longtemps autour du pot avant d'en venir au fait, et ça, franchement, ça m'agace. En tout cas dans la première partie du roman. Après, le rythme est tout autre...
Sinon, le thème (que dis-je, le sujet lui-même de la guerre d'Algérie) est si peu abordé que cela fait du bien que, pour une fois, soit évoqué ce que taisent si bien ceux de la génération de nos parents. Eux ont vécu ces évènements, qui les ont profondément marqués, je le sais : j'ai un tonton bien plus bavard que mon père ne l'était sur le sujet... Des personnages presque réels, les conversations, quasi tangibles, l'horreur de la guerre qui tombe sur la figure de ces jeunes hommes en les sidérant. Oui, l'écriture est belle, sûrement, le récit impossible à abandonner, la vie de ces hommes si émouvante....
Mais laissez-moi préférer des sujets plus joyeux, en tout cas moins graves. Si je n'ai pas aimé, cela ne vient que de moi : la cruauté des hommes me fait mal, même dans un roman...
Morceaux choisis :
Voilà, il est là, sur les quais de la Joliette. On a écrit à la craie le numéro de son régiment sur son casque. Il est fatigué, il n'a pas dormi. Il espère dormir et pourtant il faut encore supporter cette fatigue et l'agitation autour de lui, dans son unité, toutes les unités qui vont embarquer ce soir et que quelques badauds seulement viennent voir de loin, jetant à peine quelques au-revoir, sans plus, comme de la mie de pain aux poissons et aux oiseaux du port.
Il peut écrire ça : ça va. Il peut aussi demander comment va la famille, ce qui arrive chez eux (...) et il insiste pour qu'elle lui raconte des détails, des discussions, mais aussi des anecdotes sur la vie dans le bourg et aussi des nouvelles d'autres gars partis comme lui défendre la paix avec des fusils mitrailleurs et des rangers, sauver le pays dont lui n'avait pas vraiment compris qu'il était en danger, vu qu'il ne s'y passe rien et qu'on s'y ennuie à crever.
Il se demande si une cause peut être juste et les moyens injustes. Comment c'est possible de croire que la terreur mènera vers plus de bien. Il se demande si le bien.