dernière lecture : novecento, pianiste
Présentation de l'éditeur
Novecento est né en mer. A trente ans il ne connaît rien de la terre ferme. Il navigue sans cesse sur l'Atlantique. Son temps est entièrement dédié à composer une musique étrange et magnifique sur son piano, une musique de l'Océan entendue comme un souffle dans les ports qui jalonnent son errance.
Mon avis au sujet de ce roman :
Une atmosphère musicale et poétique qui nous emmène dans un très beau voyage. Beaucoup de fluidité, de sonorité, de poésie. Et une histoire originale.
Ne passez pas à côté de ce très beau récit (pour moi, sûre, dans mes prochaines lectures figureront "soie" et "océan mer" !)
Un bel extrait, qui porte à sourire (...ou pas)
"C’est là, à ce moment-là, que le tableau se décrocha.
...Moi, cette histoire de tableaux, ça m’a toujours fait une drôle
d’impression. Ils restent accrochés pendant des années et tout à coup, sans que
rien ne se soit passé, j’ai bien dit rien, vlam, ils tombent. Ils sont là accrochés à leur clou, personne ne leur fait rien, et eux, à un moment donné, vlam, ils tombent, comme des pierres. Dans le silence le plus total, sans rien qui bouge autour, pas une mouche qui vole et eux : vlam. Sans la... moindre raison. Pourquoi à ce moment-là et pas à un autre ? On ne sait pas. Vlam. Qu’est-ce qui est arrivé à ce clou pour que tout à coup il décide qu’il n’en peut plus ? Aurait-il donc une âme, lui aussi, le pauvre malheureux ? Peut-il décider quelque chose ? ça faisait longtemps qu’ils en parlaient, le tableau et lui, ils hésitaient encore un peu, ils en discutaient tous les soirs, depuis des années, et puis finalement ils se sont décidés pour une date, une heure, une minute, une seconde, maintenant, vlam. Ou alors ils le savaient depuis le début, tous les deux, ils avaient tout combiné ente eux, bon t’oublie pas que dans sept ans je lâche tout, t’inquiète pas, pour moi c’est bon, alors d’accord pour le 13 mai, d’accord, vers six heures, ah j’aimerais mieux six heures moins le quart, d’accord, allez bonne nuit, bonne nuit. Sept ans plus tard, 13 mai, six heures moins le quart : vlam. Incompréhensible. C’est une de ces choses, il faut pas trop y penser, sinon tu sors de là, t’es fou. Quand le tableau se décroche. Quand tu te réveilles un matin à côté d’elle et que tu ne l’aimes plus. Quand tu ouvres le journal et tu lis que la guerre a éclaté. Quand tu vois un train et tu te dis « je me tire ». Quand tu te regardes dans la glace et tu comprends que tu es vieux. Quand Novecento, sur l’Océan, en plein milieu, leva les yeux de son assiette et me dit « À New York, dans trois jours, je descends ».