Fonds de tiroir ?
C'est beau, une rencontre, non ?
"Quelque chose avant sa venue le pressent.
Quelque chose après sa venue se souvient de lui.
La beauté sur la terre est ce quelque chose.
La beauté du visible est faite de l'invisible tremblement des atomes
déplacés par son corps en marche."
Voilà, j'ai rencontré Christian Bobin.
Et de cette rencontre est né un très grand amour !
photo novembre 2009
Dernière lecture
de Yann Keffelec
Présentation de l'éditeur :
Le 15 janvier 2004 à 13h25, le capitaine de pêche Yves Gloaguen a à peine eu le temps de lancer cet ultime appel : "Venez vite, on chavire", que le Bugaled Breizh a coulé. En quelques secondes. Cinq hommes d'équipage. Aucun survivant. Mais des questions en pagaille. Des photos de l'épave prouvent que le chalutier a bien été éperonné. Tout porte à croire qu'un bâtiment de fort tonnage l'a violemment percuté. Ou un sous-marin. Qui a pris la fuite sans essayer de secourir les victimes, ni même donner l'alerte?
Pourquoi les exigences des familles sont-elles restées si longtemps sans réponse ni explication claire ? Pourquoi a-t-on mis si longtemps à sortir le bateau de l'eau? Pourquoi les juges en charge du dossier sont-ils mutés les uns après les autres en cours d'instruction ?
Comme tous les Bretons, Yann Queffelec porte au coeur la disparition mystérieuse des pêcheurs de ce chalutier et tente, en se glissant dans la peau des protagonistes de ce drame, d'en élucider les mystères. Il met sa plume de romancier au service de cette histoire sous forme d'un docu-fiction, dont les ingrédients sont la dernière nuit de pêche, l'opacité de la justice, la résistance des familles et des femmes en particulier.
Mon sentiment au sujet de ce roman :
Surprenant. Plus dans le journalistique. Je n'ai pas l'habitude, et au départ ça me plaisait franchement moyen (c'est pas du "grand" Keffelec !). Mais vient le moment où j'y trouve mieux mon compte, d'autant que le sujet est encore d'actualité (je suis allée par curiosité jeter un oeil sur internet, pour voir à quoi pouvait ressembler ce chalutier entreposé à Brest...).
J'ai choisi ce roman parce que mes parents avaient un ami marin-pêcheur au Guilvinec, Jean, à qui je pense bien souvent. Et puis je me souviens aussi son accent, inimitable, et tout ça, c'est tellement son monde... (une photo de son bateau, le Piranha, juste dessous celle du Bugaled).
Morceaux choisis :
"C'est facile, pêcher, en apparence. On laisse traîner un filet derrière le bateau. On attend qu'il se remplisse de poissons. Attraper cinq tonnes d'un même traît n'a rien d'exceptionnel un jour de veine. C'est facile en principe, ça l'est moins sur le champ, quand ça bastonne à tout-va sur le pont, quand les câbles tendus à hurler se font cordes à piano, menaçant de vous exploser au nez, quand l'un des deux panneaux qui lestent et maintiennent ouvert le filet sous la mer accroche la batayole ou l'ancre d'un destroyer englouti, voire un banal caillou planté là par Yhavé lui-même. On peut mourir en un pareil cas. On peut assister à la mort du navire et des copains, juste avant de fermer les yeux dans un rêve où il est question d'aller boire un verre au Café des amis, le dernier."
"...L'épithète breton garde l'accent breton, il prête à sourire ici et là. Uncle Sam est chic, vieille canaille d'Amerloque suceur d'or, oncle Corentin non, pas chic du tout.(...) Un chalutier breton meurt à l'ouest, c'est malheureux, bien sûr, désastreux, ça n'est pas moins bretonnant, tellement à l'ouest. La mer n'est jamais si lointaine et rétive qu'en Armor, où la peau répugne aux caresses glacées du bain, du vent, sous des ciels de charpie."
La photo de couverture du roman, particulièrement émouvante,
est la dernière prise du Bugaled Breizh.
C'était seulement quelques jours avant le drame
alors qu'il partait en pleine mer.
Philip Plisson, Peintre de la Marine, en est l'auteur.
Et là, au Gulvinec :
notre ami qui rentre au port sur son chalutier
et décharge sa pêche sur la jetée, juste devant la criée
Photos été 2000
depuis, Jean est à la retraite.
Mais ses pas le mènent inexorablement vers le port...
Et puis (qui a dit "enfin !"), cette chanson, que je trouve magnifique...
Lire la suite...Un autre regard pour d'autres perles...
A défaut
A défaut de vagues qui déferlent par dessus la jetée
voici leurs teintes sombres, un peu hivernales.
Qui viendrait se balader avec moi en bord de mer
pour admirer la mer déchaînée en cette saison
et respirer à fond l'odeur des embruns ?
J'adore ça !
Enfin, rien que d'y penser,
cela m'aura fait du bien...
Photo de la mer en furie, trouvée sur le net.
Celle du haut : encore un morceau de "ma" future frise (empreinte polymère)
Conversation
Quand même
Dernière lecture
Embrassez-moi
de Katherine Pancol
Présentation de l’éditeur :
Ce roman est l’histoire de tous les désirs : désir pour un homme, désir pour une femme, désir pour une ville, désir nostalgique de faire revivre le passé, désir de jouer, de posséder, désir de s’épargner, d’apprendre, de s’engager… désir fou de jeter sa vie comme on jette les dés.
Mon sentiment au sujet de ce roman :
Oui, je sais, c'est un roman d'amour.
Y'en a qui n'aiment pas. D'office. Ils pensent qu'ils seront immergés dans un roman style Harlequin (zut, j'sais même pas comment elle s'écrit, cette collec'), et il faut dire que le titre de ce roman-ci n'est pas en sa faveur...
Et pourtant... c'est un très beau roman.
Peut-être un peu longuet, mais l'histoire (ou devrais-je dire les histoires entremêlées ?) est prenante, plutôt sympa. Il est question du vieillissement des corps et des âmes (personnage de Louise Brooks et, avec elle, une vision des à-côtés de la célébrité et du temps qui passe inexorablement), de la passion amoureuse et de la difficulté d'aimer.
Ici, la vie n'est pas rose. Mais elle l'est quand même, parfois.
Elle est tout simplement cette vie dont nos désirs mênent trop souvent la danse...
Morceaux choisis
(Et oui, il y en a, cette fois encore, beaucoup. Mais laissez-vous aller à les lire. Ce ne sera qu'un court instant, mais si bon...) :
" Ceux qui ne rangent jamais s’exposent à de dangereuses rencontres quand ils se décident enfin à faire de l’ordre. Un vieux pull, un flacon de parfum éventé, une lettre froissée, et le passé revient frapper comme un esprit malin ".
" Cela me prend, parfois, cette force irraisonnée. Une joie de vivre, l’envie de tout voler, tout croquer, tout distribuer. Cela me vient avec la douceur d’une brise de juin, la couleur d’un taxi au coin d’une rue, le frémissement d’un arbre. Je vibre à l’unisson d’un grand accord qui me plaque sur le monde, je suis belle, je suis bonne, je suis géante, si bien dans chaque fibre de ma peau que l’accord se prolonge et résonne, résonne. Cela dure une minute, une heure, deux heures ou plus, mais je goûte chaque parcelle de ce temps à faire craquer le temps, à le rendre élastique, à y enfourner toute la fougue, la jubilationn, l’énergie du monde ".
" La vie est dans les détails, tu le sais bien. "
" L’homme survit aux tremblements de terre, aux épidémies, aux horreurs de la guerre, et à toutes les souffrances de l’âme, mais la tragédie qui l’a toujours torturé et le tourmentera toujours est la tragédie de la chambre à coucher. Ainsi parlait Tolstoï. "
" Les grands amoureux sont de grands oisifs. Ou de grands rêveurs. Lamartine sur son lac, Musset à Venise, Chopin au piano, Albert Cohen, fonctionnaire distrait… Ils ralentissaient le temps, dépiautaient chaque minute pour en faire une éternité de frissons "
"Les gens n'aiment pas poser de questions, ils ont peur de paraître incultes ou cons, mais si on ne demande pas,on n'apprend jamais, non ?"
"J'avais 19 ans... Qu'est-ce qu'on sait de la vie à 19 ans ? Pas grand chose... Mais à 30 ans, on ne sait rien non plus. A quel âge apprend-on ?"
"Le désir a besoin de lignes de fuite, de perspective. Si un détail arrête sa trajectoire, il meurt aussitôt. C'est pour cela que tu ne peux rien construire sur le désir...".
"On est crédule, quand on aime. On ne veut rien apprendre qui dérange l'idée magnifique que l'on se fait de l'autre. De l'autre que l'on repeint toujours en doré... C'est l'amour qui veut ça".
Et regarder dehors
depuis ta fenêtre
En voyant ces photos-ci,
vous allez comprendre enfin
pourquoi ma Bretagne
ne me manque pas tant que ça :
je vis et travaille entourée de magnifiques paysages.
Pour preuve, cette photo prise depuis la fenêtre de mon boulot,
avec vue sur le jardin de ville et sur la Chartreuse.
Ses arbres immenses se reflètent dans nos fenêtres,
et deviennent certains jours particulièrement spectaculaires...
Je remercie au passage ma collègue "Val",
qui m'a gentiment cédé sa photo pour cette rubrique
Si vous aussi voulez participer à cette rubrique,
consultez la règle du " jeu"... C' est par ici !!!