et vous, qu'en pensez-vous ?
La montagne c'est haut,
mais honnêtement, c'est tout.
En bas tu regardes en haut,
et en haut tu regardes en bas."
Une citation de Jean-Marie Gourio
(Brèves de comptoir, 1988)
Photo février 2015,
depuis une des fenêtres de ma maison.
La montagne, sur cette photo, est juste derrière les nuages.
Très haute.
Très loin.
Il n'y a plus qu'à l'imaginer,
sans se tordre le cou (ni l'esprit...)
Comme ça, on regarde où on veut !
dernière lecture : L'amour et les forêts
Présentation de l'éditeur :
À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
Récit poignant d'une émancipation féminine, "L'amour et les forêts" est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.
Prix du roman France Télévisons 2014
Souvent, je suis comme ça : je vois "L'amour et les forêts" dans le titre, et je me fais tout un film... J'imagine un roman dans les arbres, je sens déjà l'odeur de la terre et le vent qui fait frémir les feuilles. Evidemment, après, je suis déstabilisée pendant un petit moment. Là, en l'occurrence, ça n'est pas du tout ça.
Pas du tout bucolique, je veux dire...
Ce roman est un concentré de tout cet univers dont j'ai absolument horreur. Du coup, j'aurai du mal à vous parler : oui de l'histoire qui tient la route, oui de l'écriture qui est belle.
Je ne me rappelle que du chagrin et de la douleur.
"(...) accepter sa propre bizarrerie pour en faire sa joie, n'est-ce pas ce qu'on devrait tous faire dans nos vies ?"
et quand c'est la nature qui m'inspire ?
"Tout ce que tu vois autour de toi
reflète qui tu es."
Vincent Karche, ténor
que j'ai découvert dans "Partir avec Marie-Pierre Planchon",
émission dont je suis vraiment fan.
Si cela vous intéresse, c'est par ici (clic)
Collier-feuille expérimental,
en pâte polymère
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La version portée, pour que vous voyez comment il rend :
dernière lecture : En finir avec Eddy Bellegueule
Présentation de l'éditeur :
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Ce n'est pas un livre écrit pour choquer : c'est un récit qui permet à l'auteur de se délivrer en racontant.
N'empêche, il choque !
Beaucoup, du début à la presque fin : jusqu'au moment ou Eddy devient Edouard, jusqu'au moment où, enfin, il peut naître. Donc vivre et respirer. Librement.
Au secours !!! C'est le sentiment que j'ai eu tout au long de cette lecture, que j'ai faite en apnée complète. Heureusement, Edouard a eu ce courage-là : se sauver par sa propre force. En fuyant la misère intellectuelle et sociale.
Tout ceci est raconté d'une manière très impudique et très crue. En général, je dirais que "ça n'est vraiment pas ma tasse de thé". Pourtant, ici, je n'ai jamais pu décrocher. J'étais spectatrice d'un enchaînement d'événements plus sordides et tristes les uns que les autres, espérant avec l'enfant, puis le jeune garçon, la délivrance.
Et j'y croyais, moi aussi.
Morceaux choisis :
"Il (le père) demandait à ma mère si j'étais un garçon, C'est un mec, oui ou merde ? Il pleure tout le temps, il a peur de mourir, c'est pas un vrai mec. Pourquoi ? Je l'ai pourtant pas élevé comme une fille, je l'ai élevé comme les autres garçons, bordel de merde !"
"Les silences, au bout d'un moment, on oublie. ça n'a plus d'importance, c'est la vie."
"C'est la surprise qui m'a traversé, quand bien même ce n’était pas la première fois que l'on me disait une chose pareille. On ne s'habitue jamais a l'injure."
"Ferme ta gueule, tu commences à me pomper l'air. Moi mes gosses je veux qu'ils soient polis, et quand on est poli, on parle pas à table, on regarde la télé en silence en famille."
"Il fallait fuir. Mais d'abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu'on ignore qu'il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d'être comme les autres, et j'ai essayé d'être comme tout le monde."
"La cour de récréation fonctionne comme le reste du monde."
"On ne s’habitue pas tant que cela à la douleur."
Si vous voulez écouter Edouard Louis (ce que je vous encourage à faire, franchement il a un vrai message à faire passer...), c'est par ici (clic).
un état d'être
Avant/Après.
Rien n`est changé en apparence.
L`arbre, l`oiseau, le vent.
Rien n`est changé en réalité.
L`arbre, l`oiseau, le vent.
Et pourtant désormais tout est différent.
Ce qui était, au début, devant les yeux,
les yeux maintenant le SONT aussi :
l`arbre, l`oiseau, le vent.
Une citation de Christiane Singer
Photo février 2015
(rameau de gui)
dernière lecture : Sauf les fleurs
de Nicolas Clément
Présentation de l'éditeur :
Marthe vit à la ferme avec ses parents et son frère Léonce. Le père est mutique et violent, mais l’amour de la mère, l’enfance de Léonce et la chaleur des bêtes font tout le bonheur de vivre.
À seize ans, elle rencontre Florent et découvre que les corps peuvent aussi être doux. Deux ans plus tard, le drame survient. Les fleurs sont piétinées, mais la catastrophe laisse intacts l’amour du petit frère et celui des mots.
Une histoire bouleversante et charnelle, une langue d’une puissance étincelante : la voix de Marthe, musicale et nue, accompagnera le lecteur pour longtemps.
Mon sentiment au sujet de ce (court) roman :
Cette phrase- là, dès la première page, m’a saisie d'émotion : "J'écris notre histoire pour oublier que nous n'existons plus". ça me préparait pour la suite...
J'avais peu de temps. Anne, me suis-je dit, aujourd'hui tu vas être raisonnable : deux-trois pages, pas plus. Mais avec ce livre-là, ça ne marche pas comme ça. Rien ne peut plus nous sortir de cette lecture. Tout d'abord, le récit est très court, ce qui nous donne bonne conscience, mais surtout il y a ce style si particulier, surprenant, et puis l'histoire, qui ne nous laisse aucun répit. On est pris, comme une proie, à la fois consentante (séduite par le talent du narrateur) et indignée (par la tournure que prennent les événements).
C'est triste et beau à la fois.
Comme une promenade, en hiver, quand tout est sombre et presque lugubre. Pourtant...
Pour moi, cette écriture se situerait presque à mi - chemin entre celle de Christian Bobin et celle de Milena Agus... Autant dire un nectar.
"Je pense à maman qui dort seule. Je donnerais toute ma vie pour avoir une vie. "
"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour. "
"Ce que j'aime dans un nom, c’est trouver un toit."
"Tu feras pour toi ce que je n'ai pas su faire, élever un arc et viser large."
"Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu’il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés."
"Virginia me confie Mes patrons sont gentils. A l'aube, j'arrive la première à la teinturerie, je vérifier les paquets que Mike dépose devant la porte. Je ne sais pas si je ferai l'affaire mais ce travail pour payer mes études me plaît. Sortir du polochon les chemises encore tièdes. Plonger mon nez dans les cols. Imaginer que des gens existent autour de moi, même tôt, même pas longtemps."
Ce roman a reçu un prix : le prix du métro Goncourt.
L'auteur présente son roman avec beaucoup de douceur...
admirer
chaque jour
« Elle se dit que (…)
si chaque jour,
elle arrivait à faire une chose, une seule,
qui soit belle,
elle serait sauvée. »
Une citation de Jeanne Bénameur dans Profanes
Créations en pâte polymère
(boucles et bague)