dernière lecture : La femme au miroir
de Eric-Emmanuel Schmitt
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Présentation de l'éditeur :
Anne vit à Bruges au temps de la Renaissance, Hanna dans la Vienne impériale du début du siècle, Anny Lee à Los Angeles de nos jours. Trois destins, trois aventures singulières, trois femmes infiniment proches tant elles se ressemblent par leur sentiment de différence et leur volonté d'échapper à l'image d'elles-mêmes que leur tend le miroir de leur époque. Tout les éloigne de ce que la société, leur entourage, les hommes ont décidé à leur place. Anne la Flamande ressent des élans mystiques qui l'entraînent vers le béguinage. Hanna, une des premières patientes d'un disciple de Sigmund Freud, enfreint tous les codes familiaux et moraux de son temps. Anny, dont le talent annonce une fulgurante carrière d'actrice, pourrait se révolter contre le modèle hollywoodien. Egalement insoumises et rebelles, laquelle trouvera, et au prix de quels combats, sa vérité et sa liberté ? Or, de manière inattendue et par une suite de hasards objectifs ménagés par l'auteur avec une habileté extrême, ces femmes vont devenir, par delà le temps, les héroïnes d'un seul et même roman.
Mon sentiment au sujet de ce roman :
C'est très étonnant : cette fois-ci, j'ai un mal fou à peser le pour et le contre. On va dire que mon intérêt (partant de très bas, j'ai d'ailleurs failli fermer le roman et ne pas poursuivre...) est allé crescendo au cours de ma lecture, avec une fin qu'il m'aurait été douloureux de ne pas connaître.
J'ai aimé cette idée que l'estime de soi ne passe pas par le miroir (ceci prenant tout son poids l'âge avançant...).
J'ai aussi aimé ces femmes "différentes", un peu solitaires, à la fois fortes et fragiles, proches de la nature, qui, au cours de ma lecture, m'ont bien souvent semblées en résonnance avec mes propres ressentis.
Pourtant : beaucoup de clichés, avec des passages souvent un peu "gnan-gnan" ...Je ne saurais trop dire : un des ingrédients n'a pas vraiment pris (mais il s'en est fallu de peu).
Ce roman reste une lecture plutôt agréable, à mon avis destinée à un public féminin (bienveillant...). Pour vos vacances d'été, mesdames ?).
Ah...
Et ce portrait de Tamara de Lempicka : "Girl with gloves" en couv', quelle bonne et belle idée !
J'ai toujours été sous le charme de cette artiste peintre, belle et inspirée, l'incarnation du féminin : « Une lumière à la manière d'Ingres, du cubisme à la Fernand Léger, avec du rouge à lèvres Chanel ».
Elle aurait probablement pu être une de ces femmes au miroir...
Morceaux choisis :
"Notre pensée ne se résume pas à ce que nous en apercevons ou nous en disons. Nous avons des couloirs secrets derrière les murs, des placards dissimulés, des tiroirs latents ; là, nous accumulons parfois des griefs, des ambitions, des peurs. Tout va bien jusqu'au jour où la protection saute, où ça gicle, où ça sort"
"La réalité, c'est le rêve qui revient le plus souvent."
"As-tu remarqué ce prodige ? On ignore un mot pendant des années puis, une fois qu'on y prête attention, on l'entend partout et constamment".
"Inconcevable de partager l'essentiel sans se fondre dans la nature. (...) Pour réfléchir, il lui fallait l'étreinte de l'air frais, la glaise sous ses orteils, l'herbe dans ses doigts, le ciel comme horizon sur lequel s'inscrivaient ses pensées, un bain de lumière que ce fût celle du soleil ou de la lune."
"Un don, c'est exécuter spontanément ce que les autres doivent apprendre"
"Qu'est-ce qui est le plus difficile ? Souffrir de faire ce qu'on n'aime pas ou souffrir pour faire ce qu'on aime ? "
("Pardon ?")
"Avant, elle aimait le monde par routine. Aujourd'hui, elle l'aime avec urgence, intensité. "
"Dans les actes quotidiens, nous glissons de multiples adieux car nous avons souvent le sentiment que quelque chose s'évanouit qui ne revienda pas. Chaque jour recèle un accueil et un au revoir. L'éclair présente la première fois et son revers. Dans ce scintillement, on décèle l'éternité."
Et l'auteur, comme toujours, sait très bien parler de son texte...