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Le bruit des vagues
5 septembre 2016

dernière lecture : Bilqiss

de Safia Azzedine

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5 etoiles

Présentation de l'éditeur :
« Vous priez encore Dieu ?
– Bien sûr. Pourquoi ne le ferais-je pas ?
– Eh bien, il me semble qu’Il vous a abandonnée ces derniers temps.
– Allah ne m’a jamais abandonnée, c’est nous qui L’avons semé. »
Bilqiss est l’héroïne de ce roman : c’est une femme indocile dans un pays où il vaut mieux être n’importe quoi d’autre et si possible un volatile. On l’a jugée, on l’a condamnée, on va la lapider. Qui lui lancera la première pierre ? Qui du juge au désir enfoui ou de la reporter américaine aux belles intentions lui ôtera la vie ? Le roman puissant de Saphia Azzeddine est l’histoire d’une femme, frondeuse et libre, qui se réapproprie Allah.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Un jour, en rentant du travail, j'ai croisé un jeune couple avec leur bébé dans la poussette. La femme m'a gratifiée d'un immense sourire, et d'un bonjour amical. Je ne l'ai pas reconnue tout de suite. Je lui ai souri en retour.
Et puis, au coin de la rue, je me suis mise à pleurer.
Tous les jours, je travaille avec cette belle jeune femme moderne et dynamique. Qui a de longs cheveux bruns. J'aime beaucoup son sourire, sa gentillesse, sa patience.
Ce jour-là, suis restée sidérée : elle était voilée, de haut en bas.
Cet été, à Cannes, j'ai ressenti ce même chagrin en rencontrant, en fin de journée, le premier jour de nos vacances, des femmes voilées qui se baignaient toutes habillées. Je n'avais encore rien vu de pareil, et j'avoue, cela m'a fait de la peine.
Mais ce qui m'a le plus choquée, ce sont les réflexions que j'ai entendues à leur sujet, par des gens « très comme il faut », que je côtoie depuis des années dans ce même endroit. 
« Visiblement, tu n'es pas d'accord avec moi, Anne ?" m'a dit mon voisin de plage.
Non, c'est vrai, je ne suis pas d'accord. 
Ces deux fois, j'ai réalisé que, même si je ne comprends pas leur geste, je serais prête à défendre bec et ongles la « liberté » de toutes ces femmes à se voiler, où qu'elles soient. 

Tout ça pour dire que Bilqiss est un roman extraordinaire, magistralement écrit par Safia Azzedine qui, je crois, prend tous les risques en s'exprimant aussi librement, ne serait-ce « que » dans un roman. 
Elle a fait remonter en bloc toutes mes émotions, mes souvenirs, ma frustration, ma peine et ma colère contre des hommes à l'esprit obtus, contre des femmes soumises. Contre une façon d'agir que je n'arrive décidément pas à cerner.
Elle conforte aussi ma certitude que, comme le disait si bien Simone Veil, les femmes, en période de crise, seront toujours les premières à devoir se soumettre, particulièrement dans des pays comme ici le Liban, mais aussi hélas dans un pays comme le nôtre, dont la devise est pourtant si pleine d'humanité et porteuse d'espoir…

 

Morceaux choisis :
"A vrai dire, j'aurais préféré avoir le pouvoir des hommes et manier les mots comme une bègue mais, après mille révolutions, l'ordre ne s'était pas inversé : un femme était intelligente, un homme était puissant."
" Pourquoi me regardez-vous comme ça ? demandai-je.
- Parce que mes yeux ne m'obéissent plus. Mon cœur se rebelle et ma tête est en miettes.
- Pour un homme de loi, c'est ennuyeux.
- Pour un homme tout court, c'est le pire châtiment qui soit."

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14 août 2016

dernière "lecture" : La déesse des petites victoires

de Yannick Granneck

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Présentation de l'éditeur :
Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle.
Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique.
Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’un génie qui ne savait pas vivre et d’une femme qui ne savait qu’aimer.
Albert Einstein aimait à dire : « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel. » Cet homme, peu connu des profanes, a eu une vie de légende : à la fois dieu vivant de l’Olympe que représentait Princeton après la guerre et mortel affligé par les pires désordres de la folie. Yannick Grannec a réussi, dans ce premier roman, le tour de force de tisser une grande fresque sur le XXe siècle, une ode au génie humain et un roman profond sur la fonction de l’amour et la finalité de l’existence.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
J'ai adoré cette lecture, qui m'a fait découvrir la vie d'Adèle Gödel.
Ne cherchez pas, il s'agit là d'une illustre inconnue, d'une vieille femme aigrie, désagréable,

Adele-Godel

oubliée de tous.
Sauf que... , quand on connaît son histoire, qu'elle nous délivre du fond de sa maison de retraite, heu... peut-on dire du bout des lèvres ? (elle est tout sauf paisible, Adèle... allant tonitruant et irritée serait sans doute mieux), on rencontre une femme exceptionnelle, qui a su accompagner cet homme complexe qu'était Kurt Gödel, grand mathématicien, mais aussi grand égoïste, asocial, malade (autiste ?).
Pour lui, une compagne de chaque jour qui a su s'oublier pour lui laisser toute la place et le rassurer. Pour elle, de la solitude, de la colère, des déracinements, du chagrin, mais aussi des rencontres improbables, comme celle d'Albert Einstein.
Le tout conté avec beaucoup d'humour et de simplicité (oui-oui, même quelques démonstrations de mathématique dont j'aurais presque pu comprendre la logique si je n'avais pas eu la mauvaise idée de m'orienter vers des études littéraires...  ;)  )
Pourtant, c'est un roman qui m'a aussi beaucoup décontenancée, du fait d'une expérience de lecture particulière : pour la première fois, j'écoutais la version audio d'un roman. Et je dois avouer que cela change tout. ça prend un temps fou ! Et demande une concentration différente, une écoute silencieuse et complète. Pour être sincère : j'aime mille fois mieux me plonger dans un roman écrit ! moi qui adore chaparder par ci-par là une ou deux citations en cours de lecture, le faire dans ces conditions devient presque acrobatique.
Ceci dit, ça m'a donné des idées. Je suis donc allée, à l'issue de ma "lecture"  ;)  chercher un site, ignorant s'il existe ou non : enregistrer ses lectures pour les non-voyants. Et bien oui ! Une association existe : "L'association des donneurs de voix" (dont voici le lien, si certains sont intéressés : http://www.advbs.fr/). Cela demande un véritable engagement, mais l'idée me titille... Et visiblement ne concurrence pas les éditeurs, puisque les fichiers audio ne sont accessibles qu'aux mal-voyants...
Je voudrais enfin remercier Babelio pour ses opération "Masse critique" (http://www.babelio.com/massecritique.php), et les éditons "Le livre qui parle" (http://www.lelivrequiparle.com/) qui m'ont offert ce CD, et donc encore une fois permis d'ouvrir ma réflexion.
Je me dis d'ailleurs qu'un partenariat avec les donneurs de voix pourrait être aussi un beau projet pour Babelio ? (moi qui ne fait même pas partie de cette asso..)
:)

Morceaux choisis :
"Chaque génération croit avoir inventé la fête et la désillusion. Le désespoir ne se démode jamais, comme la nostalgie."
"Il est plus facile de briser un atome que de briser un préjugé."
"– Vois-tu ce bleu incroyable à la lisière entre la mer et le ciel ?
Le bord de son chapeau se releva à peine.
– Tu ne le regardes même pas ! A quoi penses-tu devant l’océan ?
– Je contemple un champ d’interactions ondulatoires dont la complexité me fascine."
"Moins nous possédons de certitudes, plus nous les assenons ! C'est pour masquer la panique."
"La vie n'est pas une science exacte. Un être humain est plus que la somme de ses actes. Plus qu'une simple chronologie."
"(...) était-ce la nature du monde d'être complexe ou le questionnement des hommes qui le rendait ainsi ?"
"Plus je pense au langage, plus je suis stupéfié que les gens parviennent à se comprendre."
"Le corps hurle ce que l'esprit refuse d'admettre."
"Pour ne pas se regarder le nombril, il faut en trouver un autre à contempler."
"En physique, nous essayons d'expliquer en termes simples des choses que personne ne connaissait avant nous. La poésie, n'est-ce pas exactement l'inverse ?" - Paul Dirac
"La vanité des hommes les rend sourds, mais bavards. Etape numéro un : le laissez vous expliquer la vie."
"Le génie destructeur de la famille est sans limite".
"La contradiction comme la digression est un précieux stimulant. La réflexion se doit d'être en mouvement instable, comme la vie. Si elle s'arrête, elle se sclérose, puis meurt."
"Un jour, les machines pourront résoudre tous les problèmes, mais aucune d'entre elles ne pourra en poser un".
"Au final, était-ce la nature du monde d'être complexe, ou le questionnement des hommes qui le rendait ainsi ?"
"Il a mal ? Tant mieux. C'est qu'il est encore vivant".
"C'est terrible de se sentir enfermé dans un corps étranger. A l'intérieur j'ai vingt ans."
13 juillet 2016

dernière lecture : Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur

de Christine Orban

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2 étoiles
 
Présentation de l'éditeur :
Quelques années après sa répudiation, Joséphine la femme volage et dépensière pour certains, la bonne étoile de Bonaparte pour d'autres, blessée, humiliée, prisonnière du tourbillon dans lequel la douleur la tient, se décide à lui écrire alors qu'il est exilé à l'île d'Elbe.
Entre culpabilité et force d'âme, Joséphine se demande comment ils en sont arrivés là et retrace les épisodes les plus déchirants de leur histoire. Un destin commun interrompu un soir aux Palais des Tuileries lors d'un dîner en tête à tête, quand Bonaparte au nom de la raison d'état s'oblige à renoncer à ses plus chères affections.
Avec une empathie troublante, l'auteur de La mélancolie du dimanche et de N'oublie pas d'être heureuse devient Joséphine le temps d'un roman et nous fait partager les souffrances d'une femme abandonnée. Dans ce récit intime et bouleversant on retrouvera l'analyse des sentiments et la profondeur qui ont fait le succès de la romancière.
 
Mon sentiment au sujet de ce roman :
J'aime beaucoup l'écriture de Chistine Orban, et ici encore, cela se confirme.
Connaître les sentiments et la vie de Joséphine de Beauharnais a ici été un vrai plaisir,
mais ces écrits destinés à Napoléon traînent vraiment en longueur et en douleur. Je crois que je me suis vraiment obligée à terminer cette lecture, de laquelle j'attendais peut-être trop...
trop de pleurs et de plaintes, j'en oublie d'éprouver de la compassion...
 
Morceaux choisis :
"Je suis vieille. Ce sentiment me dérange moins qu'il ne déplaît aux autres femmes".
"La douleur ne connaît pas la dignité".
"Aussi scintillant et brodé soit-il, l'habit ne protège pas des peines".
"L'attente est une présence différée, une présence envoûtante et obnubilante, chargée d'espoir, de souvenirs".
"A trop se voir, on finit par trouver une place à celui qui n'en a pas. La place e l'ennui, la nécessité de remplir le vide".
"Je ne comprends pas qu'on puisse plonger dans le passé pour soigner quoi que ce soit. Le passé n'apporte aucun soulagement".
7 juillet 2016

dernière lecture : Marie

de Marek Halter

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4 étoiles
 
Présentation de l'éditeur :
" Existe-t-il une personne au monde qui ignorerait le nom de Marie, mère de Jésus, celle qui engendra le plus grand bouleversement spirituel depuis la naissance du monothéisme ? Pourtant, ce que nous en disent les Evangiles se résume à quelques versets elliptiques et mystérieux.
Durant les années nécessaires à la rédaction de ce roman, dressant le portrait de " ma Marie ", je me suis efforcé d'imaginer qui avait pu être cette Miryem de Nazareth, née en Galilée dans le chaotique royaume d'Israël en butte à l'occupation romaine. Quels liens entretenait-elle avec la résistance et l'un de ses chefs les plus populaires, Barabbas ? Quels rapports avait-elle avec les esséniens de Damas, la secte des thérapeutes ? Et avec son lointain cousin jean le Baptiste ? Né en Pologne, où le culte de Marie domine l'Eglise catholique, j'ai été depuis mon enfance fasciné par le destin de cette jeune juive à l'origine du christianisme.
Un jour il fallait bien que je parte à sa recherche. Aujourd'hui, j'aimerais partager cette histoire passionnante avec vous. " Après la trilogie consacrée aux héroïnes de la Bible, Sarah, Tsippora et Lilah, immense succès en France, traduite dans vingt-deux pays, voici Marie. C'est le roman le plus surprenant de Marek Halter, depuis La Mémoire dAbraham.
 
Mon sentiment au sujet de ce roman :
Si vous voulez vous plonger dans un roman d'aventure, avec un A majuscule, ce roman est pour vous ! Quels rebondissements ! Quels caractères forgés ! Et quelle époque furieuse que celle d'Hérode !
J'ai trouvé ce roman passionnant, de la première à la dernière page, avec des personnages hauts en couleurs et, si ça rassure certains, sans orientation religieuse particulière. 
La vie d'une femme peu ordinaire à une époque où vivre était un véritable combat.
 
Morceaux choisis :
"Je ne comprends pas. Et l'on ne peut pas expliquer ce que l'on ne comprend pas. Néanmoins, ce que l'on ne comprend pas existe tout de même".
"Il y a autant de courage à subir l'injustice qu'à se battre en vain".
26 juin 2016

dernière lecture : La femme au carnet rouge

d'Antoine Laurain

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Présentation de l'éditeur :
Un soir à Paris, une jeune femme se fait voler son sac à main.
Il est retrouvé par Laurent Lettelier, libraire de profession, qui ne trouve pour seuls indices sur sa propriétaire que quelques effets personnels (un ticket de pressing, un roman, une pince à cheveux, un carnet...). 
S'ensuit un jeu de piste romanesque.
Un matin à Paris, alors qu'il ouvre sa librairie, Laurent Letellier découvre dans la rue un sac à main abandonné.
Curieux, il en fait l'inventaire et découvre, faute de papiers d'identité, une foule d'objets personnels : photos, parfum... et un carnet rouge rempli de notes. Désireux de retrouver la propriétaire du sac, Laurent s'improvise détective. À mesure qu'il déchiffre les pages du carnet contenant les pensées intimes de l'inconnue, le jeu de piste se mue progressivement en une quête amoureuse qui va chambouler leurs vies.
 
Mon sentiment au sujet de ce roman :
Quel bonheur de lire des romans comme celui-ci. Les mots glissent, l'histoire se déroule, dans une ambiance douce et paisible, malgré l'agression que subit Laure devant chez elle. Laurent serait-il un des derniers romantiques de ce monde ? Je voudrais croire que non.
Pfff..., j'ai lu ce roman beaucoup trop vite ! Il aura tout de même eu le temps de produire sur moi sa magie : m'extraire, le temps d'une lecture, de la réalité et m'accaparer toute entière.
 
Morceaux choisis :
"Il n'y a guère que le sublime qui puisse nous aider dans l'ordinaire de la vie" (une citation d'Alain Fournier, en prologue du roman)
"On ne maîtrise pas toujours ses peurs, et faire la part entre l'irrationnel et le possible n'est pas aisé à presque deux heures du matin".
"S'il y avait bien une chose qui définissait la parenthèse adolescente, c'était les fous rires. On ne rit plus jamais ainsi, après. La conscience brutale que le monde et la vie sont complètement absurdes déclenche ces hoquets de rire à en perdre la respiration, quand la même idée, vingt ans plus tard, n'entraînera qu'un soupir résigné."
"Peut-on éprouver la nostalgie de ce qui n'a pas eu lieu ? Ce que nous nommons "regrets" et qui concerne les séquences de nos vies où nous avons la quasi-certitude ne pas avoir pris la bonne décision comporterait une variante plus singulière, qui nous envelopperait dans une ivresse mystérieuse et douce : la nostalgie du possible."
 
Un passage un peu plus long... une de ces belles histoires dans l'histoire :
"Une étagère s'achevait sur plusieurs livres de Sophie Calle, dont l'un de ses chefs-d'oeuvre poétiques : Suite vénitienne. En 1980, celle-ci avait décidé dans une pure démarche artistique de suivre des hommes - au hasard, dans la rue et à leur insu. A la manière d'un détective privé, elle ramenait de ces longues promenades des photos noir et blanc d'hommes, de dos, dans des lieux divers. Des inconnus qu'elle avait pris en filature des après-midis entiers. Un jour qu'elle avait repéré une nouvelle proie, celle-ci lui échappa et disparut dans la foule. Le soir, l'homme lui était présenté dans un dîner en ville. Il lui dit qu'il allait bientôt partir pour Venise. Secrètement, Sophie Calle décida de reprendre sa filature - de le suivre incognito jusqu'aux ruelles et rii de Venise. De cette expédition, elle ramena un journal de bord de soixante-dix-neuf pages et cent-cinq photos noir et blanc, postfacé par Jean Baudrillard. La quête de Sophie avait pris fin lorsque l'homme s'était retourné, l'avait reconnue et lui avait adressé la parole. Enfin, pas tout à fait, puisqu'elle s'arrangea pour revenir à la gare de Paris quelques minutes avant lui pour prendre un dernier cliché. Toutefois, la tension de l'enquête et la magie s'étaient évaporées au moment de la rencontre. Le retour à la réalité avait sonné la fin de l'histoire."
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4 juin 2016

dernière lecture : Le dernier gardien d'Ellis Island

de Gaelle Josse

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5 etoiles

Présentation de l'éditeur :

New York, 3 novembre 1954. Dans cinq jours, le centre d'Ellis Island, passage obligé depuis 1892 pour les immigrants venus d'Europe, va fermer. John Mitchell, son directeur, officier du Bureau fédéral de l'immigration, resté seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l'épouse aimée, et Nella, l'immigrante sarde porteuse d'un étrange passé.
Un moment de vérité où il fait l'expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d'événements tragiques. Même s'il sait que l'homme n'est pas maître de son destin, il tente d'en saisir le sens jusqu'au vertige.
A travers ce récit résonne une histoire d'exil, de transgression, de passion amoureuse d'un homme face à ses choix les plus terribles.
Ce livre fait partie du tiercé final du prix des libraires 2015.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
La lecture agit souvent bizarrement pour m'ensorceler.
J'arrive là, tranquille et sereine, un livre à la main, je m'installe au fond d'un fauteuil confortable, et je commence à lire.
Je me laisse imprégner, docile, et soudain, impossible de me détacher des mots, des personnages, de cette histoire qui me happe littéralement.
Quand ce phénomène arrive, c'est que le roman est fabuleux. C'est le cas de celui-ci. 
Là, quelle heure est-il ? Ah, oui, c'est vrai : je suis dans mon salon, en 2016 et pas sur une île au début du siècle dernier.
Je crois que vais aller marcher 5 petites minutes pour me remettre, je viens de rencontrer de très belles personnes qu'il a aussi fallu que j'abandonne là, en même temps que je refermais ce livre.
Maintenant, j'ai besoin de revenir sur terre et de réfléchir à tout "ça"... (l'émigration, ce sujet qui brûle toujours autant l'actualité : des individus malmenés, des manières de faire n'ont pas changé...).

Je vous mets aussi le lien d'une synthèse de lecture que je trouve très bien renseignée sur un site qui s'appelle... Le bruit des livres (...ça m'a fait sourire), ainsi qu'une petite fiche sur Giorgy Kovacs, personnage que l'on retrouve brièvement dans ce roman. Voilà ce que j'aime le plus, dans la lecture : ces éléments qui, mis bout à bout, élargissent notre vision du monde...

Morceaux choisis :
"Que sais-je aujourd'hui de la vie des hommes ? La mienne est déjà suffisamment obscure à mes yeux, comme un livre que l'on croit familier et que l'on découvre un jour écrit dans une langue étrangère."
"Tous ne ressentent pas la peur de la même façon, l'angoisse se traduit autant en paroles qu'en silences".
"Il faut croire que les mots creusent parfois des galeries souterraines, mystérieuses, et que ce que l'on croit enfoui, oublié ou perdu à jamais ne demande qu'à ressurgir au moment le plus inattendu".
"L'exercice d'un pouvoir, d'une autorité, si minime et dérisoire soit-elle, s'accompagne de silence, de solitude et de réserve quant à l'expression des sentiments".
"(...) les martyrs sont toujours du côté de l'esprit, les coupables, du côté de la force, et (...) l'Histoire demeure le seul juge."
31 mai 2016

dernière lecture : Les rêves sont faites pour ça

par Cynthia Swanson

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3 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Une nuit, Kitty rêve qu’elle se réveille dans une chambre inconnue. Auprès d’elle, un homme qu’elle ne connaît absolument pas mais qui l’appelle Katharyn, et deux petits enfants qui l’appellent maman mais dont elle ne peut être la mère. Puis la scène s’estompe, Kitty ouvre les yeux et reprend sa vie de célibataire amoureuse des livres et libraire à Denver. Mais le rêve revient. De plus en plus souvent. De plus en plus puissant…
Face au miroir de cette autre vie imaginaire, Cynthia Swanson fait douter le lecteur. Qui est vraiment son personnage ? Kitty, la jeune femme qui a fait le choix de se consacrer à sa passion des livres et n’a pas eu d’enfant, ou bien Katharyn, l’épouse comblée, son double onirique ? Au fil des pages, les frontières se brouillent. La résolution, en réorganisant les morceaux du miroir, laisse troublé, stupéfait et ému.
 
Mon sentiment au sujet de ce roman :
En ouvrant ce roman, j'ai littéralement été happée par son histoire étrange : les deux vies de Kitty, sa "vraie vie" (libraire) et "sa vie rêvée" (mère au foyer). Je plongeais dans une époque : celle de la jeunesse de mes parents (les années 60), avec, à la clé, les excellents conseils de Kitty, libraire, qui m'orientait vers de très bons romans ("La nef de fous, de Katherine Anne Porter), et me faisait découvrir en parallèle de la bonne musique (Patsy Cline, qui est devenue, après son tragique accident d'avion, une véritable icône de la musique country).
Bref : j'étais séduite,  
Bon, ça, c'est le premier tiers du roman.
Parce qu'après, qu'est-ce que c'est loooooonnnnng !
Quel dommage, cette manière de tourner en rond pour dire au moins deux fois la même chose... L'idée de départ était excellente, le thème (le déni) bien trouvé, et le style vraiment plaisant. 
C'est malgré tout une belle histoire, avec un tas de sujets parallèles très intéressants, une fin qui m'a bien plu, et, même si l'auteur est encore sans doute un peu "jeune" (c'est son tout premier roman !), sa plume, son imaginaire et son style sont franchement prometteurs... 
Ficelé un peu plus serré, le contenu sonnerait bien plus juste.   ;)
Encore une fois, un grand merci à "Masse Critique" et aux éditions Mosaïc, pour ce cadeau reçu dans ma boîte aux lettres qui aura tout de même été pour moi une très belle découverte.
 
Morceaux choisis :
"Mes périples nocturnes tendent plutôt vers le fantastique, avec des rêves qui bouleversent toute notion conventionnelle d'espace et de temps. Je pense que c'est à cause de tous ces livres que je lis."
"Je pense brusquement à ce que signifie le fait de vieillir. Cela signifie que les êtres aimés de votre jeunesse se transforment en photos sur un mur, en mots dans une histoire, en souvenir dans un coeur."
17 mai 2016

dernière lecture : Le mystère Henri Pick

de David Foënkinos

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4,5 etoiles

 

Présentation de l'éditeur :
En Bretagne, un bibliothécaire décide de recueillir tous les livres refusés par les éditeurs. Ainsi, il reçoit toutes sortes de manuscrits. Parmi ceux-ci, une jeune éditrice découvre ce qu'elle estime être un chef-d’œuvre, écrit par un certain Henri Pick. Elle part à la recherche de l'écrivain et apprend qu'il est mort deux ans auparavant. Selon sa veuve, il n'a jamais lu un livre ni écrit autre chose que des listes de courses... Aurait-il eu une vie secrète ? Auréolé de ce mystère, le livre de Pick va devenir un grand succès et aura des conséquences étonnantes sur le monde littéraire. Il va également changer le destin de nombreuses personnes, notamment celui de Jean-Michel Rouche, un journaliste obstiné qui doute de la version officielle. Et si toute cette publication n'était qu'une machination? 
Récit d'une enquête littéraire pleine de suspense, cette comédie pétillante offre aussi la preuve qu'un roman peut bouleverser l'existence de ses lecteurs.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
David Foënkinos, il est trop fort !
Il le sait très bien, en implantant l'intrigue de son dernier roman à Crozon, qu'il va se mettre au moins la moitié des bretons dans la poche. 
Tous ceux, déjà, qui vivent loin de "leur terre".
Vous ne me croyez pas ? 
C'est Annie (morlaisienne de naissance, "expatriée", comme moi, du côté de Grenoble) qui m'a prêté ce roman. Il vient tout juste de sortir. Elle m'a dit "Bah, tu vas voir, il est pas mal, mais il ne parle même pas de la Bretagne !" (déception dans la voix).
Je confirme (déception dans la voix, bis).
Crozon, c'est plus grand que ça, si tu regardes un peu vers le large.
;)
Allez, je te pardonne, ami écrivain : ton roman, il est super. Jusqu'à la dernière ligne. Un bijou. 
Mais t'es quand même un sacré filou (d'ailleurs, ça se voit, sur les photos).   ;)
 
Morceaux choisis :
"Selon lui, la question n'était pas d'aimer ou de ne pas aimer lire, mais plutôt de savoir comment trouver le livre qui vous correspond. Chacun peut adorer la lecture, à condition d'avoir en main le bon roman, celui qui vous plaira, qui vous parlera, et dont on ne pourra plus se défaire".
"Toute réussite est le fruit d'un bon moment".
"Il était impossible de s'ennuyer dans un tel endroit ; la simple contemplation de la mer pouvait remplir une vie entière".
"Les lecteurs se retrouvent toujours d'une manière ou d'une autre dans un livre. Lire est une excitation totalement égotique. On cherche inconsciemment ce qui nous parle. Les auteurs peuvent écrire les histoires les plus farfelues ou les plus improbables, il se trouvera toujours des lecteurs pour leur dire : "C'est incroyable, vous avez écrit ma vie !".
"On vante davantage les qualités des taiseux et des souffreteux. Mais est-il impossible d'être à la fois génial et frivole ?"
"On se fait parfois d'un auteur une image uniquement à cause d'un titre".
"D'une manière générale, notre époque traque le vrai derrière toute chose, et surtout la fiction".
"Comment croire ceux qui disent écrire pour eux ? Les mots ont toujours une destination, aspirent à un autre regard. Ecrire pour soi serait comme faire sa valise pour ne pas partir".
"On peut se raisonner, mais c'est toujours le corps qui décide du temps nécessaire à la cicatrisation affective".
13 mai 2016

dernière lecture : Tonnerre sur la cité perdue

de Douglas Preston et Lincoln Child

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4 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Nora Kelly est archéologue tout comme son père disparu seize ans auparavant dans les canyons de l’Utah alors qu’il était à la recherche d’une antique cité perdue. Un soir, lorsqu’elle est agressée dans sa maison, elle découvre une missive qui semble indiquer que son père a vraiment découvert la cité perdue de Quivira.
Nora monte une expédition dans laquelle vont la suivre six autres personnes.

C’est le début d’une quête dans les méandres des canyons. Mais avant de parvenir au cœur de la mystérieuse cité, Nora va devoir déjouer bien des pièges, se méfier de tous et surtout s’armer de courage et de ténacité pour sortit indemne de toutes les aventures qui l’attendent.

 

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Oh là là !!! J'ai un retard fou sur mes "petites synthèses de lecture".
Aussi, j'exagère : je ne sais pas m'interdire d'ouvrir derechef le prochain roman, celui tout en haut de la pile bancale qui se tient sur ma table de nuit, alors que je devrais poser là mes ressentis-tout-chauds. C'est compulsif, je le crains. Et, après réflexion, je crois qu'il en a toujours été ainsi depuis que je sais lire ! J'ai enchaîné lectures sur lectures : la bibli rose, la verte, puis tout ce qui pouvait me tomber sous la main.
Ah ? Qui vient de dire que c'est pas bien ?
Oh là là, mais à quel bonheur celui-là échappe ! 

Mais ne désespères pas, ami, mon mari est désormais là pour témoigner que cela peut devenir contagieux, addictif, et bienfaisant, lui qui ne lisait jamais, et à qui j'ai "imposé" quelques livres en lui faisant la lecture à haute voix pour m'assurer qu'au moins ce trésor-là, il l'aura connu... Aujourd'hui, il lit presque plus que moi !
Je pense qu'il faut juste être "introduit" très délicatement à la lecture. Ne rien imposer, et surtout pas la "grande" littérature...
Si un roman t'a fait découvrir seulement une idée, un endroit, une époque, une émotion, alors tu n'as certainement pas perdu ton temps...
Pour ce roman-ci, je croyais me promener (complètement happée par l'histoire) dans l'imaginaire débordant de l'auteur. 
Evidemment, il y a de cela, mais vous le saviez, vous, que les anasazis ont vraiment existé ? Le contenu de ce roman s'approche de très près de la réalité. Je ne l'aurais jamais cru... Et c'est passionnant, fabuleux, même ! 

Quelques liens, pour vous faire découvrir l'univers dans lequel se déroule cette aventure :

Pas de morceaux choisis (faut pas non plus trop en demander !), mais un roman que vous ne pourrez certainement plus lâcher dès lors que vous en aurez lu les 2 premières pages...

Ah... une info qui vous sera peut-être utile : ce roman est le même que celui intitulé "Les sortilèges de la cité perdue".
Je ne comprends pas bien le concept ?
Quelqu'un d'avisé saurait-il m'expliquer ?
Si c'est juste pour me dire que voilà une démarche purement commerciale, cela m'infligerait le profond regret de cette dernière lecture qui, a mon avis, n'a pas besoin de cela pour gonfler ses ventes...
26 avril 2016

dernière lecture : La compagnie des artistes

de Chris Womersley

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3 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Melbourne, 1986. À dix-huit ans, Tom Button a quitté sa campagne natale pour venir étudier à l’université, profitant de l’appartement dont ont hérité ses parents à la mort de sa tante Helen. Dans la résidence « Cairo », Tom fait la connaissance d’un musicien excentrique, de son épouse et de leur grand cercle d’amis artistes. Sous le charme de ces originaux dont le style de vie le fascine, totalement émerveillé par l'énergie qui fait vibrer la capitale culturelle et artistique de l’Australie, le jeune homme se laisse happer par cet univers de fêtes et de mondanités et perd progressivement pied avec la réalité…
À travers le regard d’un jeune garçon de 18 ans, Chris Womersley s’attache à questionner le vrai et le faux tout en évoquant avec émotion la jeunesse, ses illusions et ses tourments, ses rêves et ses déceptions. Dominé par un suspense psychologique entêtant, dans un milieu où il ne faut jamais se fier aux apparences, La compagnie des artistes est un superbe roman d’apprentissage où la beauté de l’écriture est aussi bouleversante que la justesse de ses personnages.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Il y a un blog sur lequel je suis tombée, un jour, vraiment par hasard. Même pas un blog de lecture.... ça s'appelle "Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça", écrit par Dorian. Si je me penche un peu sur sa manière d'aborder les choses, il s'agit, la plupart du temps, de décortiquer des émotions, des moments, plutôt que des ingrédients qui, mis bout à bout, font les bonnes recettes.
Et la lecture, pour moi, c'est ça, juste ça : des émotions. Avec l'impérieux besoin, ensuite, de partager. Pour que tout le monde puisse y accéder aussi. 
Peut-être... 
Si la curiosité a été suffisamment titillée.
Quel rapport avec ce roman, me direz-vous ? 
Bah, heu.. j'sais pas trop. L'envie de parler de comment j'en suis venue à ne plus pouvoir décrocher, sans doute, d'un roman qui, de prime abord, ne me branchait pas le moins du monde. Qui a pris tout son temps pour m'émouvoir (d'ailleurs, si mon engagement auprès de "Masse critique" ne m'avait pas tenue contrainte, je vous avoue que c'est un de ces livres que je n'aurais probablement jamais fini...).
Voilà. 
Alors ne comptez pas sur moi pour vous conter la quête de Tom (d'autres commentaires s'en chargent parfaitement bien), mais seulement pour vous dire qu'à un moment est apparue la grâce...
Au départ, avec cette femme : Sally,
puis avec la peinture,
les odeurs,
les musées,
les sentiments,
l'inquiétude.
Quelle belle aventure !

Je suis ravie que Babelio m'ait sélectionnée pour cette lecture, qui m'a très certainement fait sortir de mes habitudes de lectures et a titillé ma curiosité.
Je crois que c'est un vrai bon roman. Pour qui saura dépasser les 100 premières pages...

 

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Les "plus" de ma lecture (entre autres...) :

- La compagnie des artistes" est basé sur un fait réel, le vol du célèbre tableau "La femme qui pleure" de Pablo Picasso au musée d'art de Melbourne en 1986. Ce vol fut effectivement  revendiqué par un groupe appelé les Australian Cultural Terroristsn qui demanda la création d'un prix pour les jeunes artistes comme rançon. Ils restituèrent le tableau une semaine plus tard, dans une consigne de gare. 

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- Je termine ma lecture aujourd'hui, tandis qu'un Le Caravage (qui sera expertisé) est découvert dans un grenier... Il s'agit, justement, de "Judith tranchant le cou d'Holopherne", dont il est, je crois, question à un moment dans ce roman que je viens de refermer. Quelle belle synchroncité !

 

Morceaux choisis :
"Les bons artistes copient, les grands artistes volent" (pablo picasso)
"Revenir en arrière serait peut-être la plus belle chose au monde, mais sûrement aussi la pire".
"C'est venu subitement, ce coup de vieux, presque à mon insu et, certes, sans la moindre participation de ma part".
"Comme les tableaux, les gens sont jugés sur les apparences, mais ils renferment une foule de secrets pour ceux qui savent les débusquer".
"L'amour est une maladie dont le seul remède est l'amour lui-même - énigme à laquelle il n'y a pas d'échappatoire."
(Au sujet de l'art) "Le public veut du sensationnel, une oeuvre qui se marie  avec le divan et le tapis. Gertrude est la seule véritable artiste, mais personne ne s'intéresse à ce type de travail. Trop sérieux, trop subtil, trop profond. Le public aime ce qui lui donne l'impression d'être l'égal de l'artiste, pas son inférieur."
"Tout le monde a un passé. Sans cela, il n'y a rien, pas de vrai caractère. "
"Il y a des périodes dans la vie qui nous marquent à jamais, des saisons ou des journées qui déterminent notre personnalité si totalement que c'est à l'aune de ces moments-là que le reste de notre existence se mesure, tout comme il existe peut-être une seule photo de nous à avoir saisi notre véritable Moi."
"Ces mois sont si pleins de souvenirs heureux qu'il est difficile de les isoler comme on le ferait d'un visage dans la foule".
"Le premier amour est comme une nostalgie du présent : on sait, à une sorte de niveau moléculaire, que ça ne se reproduira pas."
"Quelle chose épouvantable que l'amour ; il est presque impossible d'être sûr des sentiments de quelqu'un, et pourtant on le sait instantanément quand l'amour n'est plus là. Presque comme si - tel l'oxygène - l’absence d'amour était plus notable que le contraire."
"Avec la lenteur d’un poison, cette nouvelle circula en moi, paralysant une partie de mon corps, puis une autre. Le choc, c’est l’absence de toute émotion – plutôt qu’une émotion elle-même -, qui fait que le monde semble avoir été aspiré dans une autre dimension."
"L'innocence, je l'ai depuis compris, est un état à chérir et à redouter tout à la fois."

 

Ah ! Et voilà mon histoire dans l'histoire (et pas la moindre...) :

"- Tu as étudié l'art, si j'ai bien compris ? dit-elle sans me regarder.
- Seulement au lycée.
- Et si tu me citais quelques noms de peintres célèbres ?
Je songeai à mon exemplaire écorné de L'Histoire de l'Art de Gombrich et ses modestes reproductions.
- Euh, Michel-Ange, je suppose. Titien. Tucker, Caravage, Rubens et Van Gogh.
(...) - Qu'ont-ils en commun, ces peintres ?
(...) Je haussai les épaules.
- Ce n'est pas ta faute, me rassura-t-elle avec un sourire pâle. C'est ainsi que s'écrit l'Histoire. Certaines personnes sont inévitablement oubliées. Tous les peintres que tu m'as cités sont des hommes. L'Art avec un grand A, c'est le domaine réservé des hommes. La figure de l'artiste romantique est presque exclusivement masculine. Ceux qui font l'Histoire, ceux qui comptent. Impensable qu'une femme puisse faire aussi bien. On ne t'a jamais parlé de Frida Kahlo ou de Georgia O'Keeffe, n'est ce pas ? Ni d'Elisabeth Durack ?
Je fis non de la tête.  Je n'avais jamais entendu leur nom".
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