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Le bruit des vagues
11 juin 2015

dernière lecture : Le liseur du 6h27

de Jean-Paul Didierlaurent 

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5 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine ...
Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces livres qu'on rencontre rarement.
"Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine."
Jean-Paul Didierlaurent vit dans les Vosges. Le Liseur du 6h27 est le premier roman de ce nouvelliste exceptionnel, lauréat à deux reprises du fameux Prix Hemingway.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Bon ben voilà… Je vais ajouter ma pierre à l’édifice des lecteurs enthousiasmés par ce roman. Pour moi, Colin et Chloé (L’écume des jours) ont bien du se rencontrer dans ce genre d’histoire : un monde hostile où la poésie se débat pour exister. D’ailleurs, depuis le début, j’ai le sentiment qu’ici est le point de départ de leur rencontre…
Mais ça, c’est mon côté rêveuse à l’imagination galopante. 
Autant dire que dans ce roman j’étais donc parfaitement dans mon univers, avec une mention spéciale pour la description des faïences de Julie, très poétique. Mais j’ai aussi adoré l’immersion de Guylain (non non : le héros de notre histoire ne se prénomme pas Colin…) dans l’univers des retraités, et faire la rencontre de son ami Yvon, grand amateur d'alexandrins et de théâtre classique. 
C’est léger, sans l’être vraiment, tendre et pourtant incisif, avec cette fantaisie particulière qui sait quelle corde faire vibrer dans mon âme de lectrice acharnée.

 

Morceaux choisis :
"Avoir pour confident un poisson rouge impliquait de ne rien attendre d'autre de lui que cette écoute passive et silencieuse, même s'il croyait parfois déceler dans le filet de bulles qui sortait de sa gueule un début de réponse à son questionnement"
"Comment voulez-vous que le monde tourne droit si n'importe qui se met à écrire".
"Pour l'avoir déjà vécu, il savait qu'il existait une énorme différence entre vivre seul et vivre seul  avec un poisson rouge".
"Ses silences étaient pleins. Guylain pouvait s'y glisser comme dans un bain tiède."
« Les gens n’attendent en général qu’une seule chose de vous : que vous leur renvoyiez l’image de ce qu’ils veulent que vous soyez. »
"Car, quoi que l'on puisse penser, rien n'est jamais figé dans la vie."
"J'ajouterais enfin que depuis quelques temps, j'ai découvert qu'il existait sur cette planète un être qui avait le pouvoir de faire paraître les couleurs plus vives, les choses moins graves, l'hiver moins rude, l'insupportable plus supportable, le beau plus beau, le laid moins laid, bref, de me rendre l'existence plus belle."

"J'aime ce moment particulier, quand la planète semble suspendre sa course, le temps pour elle de faire son choix entre la lumière du jour naissant et le noir de la nuit qui se meurt. Je me dis qu'un jour peut -être, la Terre ne va pas reprendre sa rotation et s'immobilisera à jamais tandis que la nuit et le jour camperont chacun sur leur position respective, nous plongeant dans une aube permanente. Je me dis alors que, baignées de cette lueur crépusculaire qui donne un ton pastel à toute chose, les guerres seront peut être moins moches, les famines moins insupportables, les paix plus durables (...)"

Un passage un peu long (il y avait longtemps !). Une histoire dans l'histoire. Il y a juste à se laisser porter...
"Je les connais par cœur mes faïences. Malgré l'assaut journalier des coups d'éponge et des détergents, beaucoup sont restées éclatantes comme au premier jour et ont su conserver intacte cette glaçure légèremnet laiteuse qui nappe leur terre cuite. A vrai dire, celles-là m'intéresent peu. Leur trop grand nombre a fait de leur perfection une banalité sans attrait. Non, mes attentions vont plutôt aux éclopées, aux fendillées, aux jaunies, aux ébréchées, à toutes celles que le temps a estropiées et qui donnent à l'endroit, outre ce petit cachet vieillot que j'ai fini par aimer, une touche d'imperfection qui étrangement me rassure. "C'est dans les cicatrices des gueules cassées que l'on peut lire les guerres, Julie, pas dans les photos des généraux engoncés dans leurs uniformes amidonnés et tout repassés de frais, m'a dit un jour ma tante tandis que toutes deux briquions les carreaux à grands coups de peau de chamois pour leur rendre leur lustre d'antan. Je me dis parfois que le bon sens de ma tante mériterait d'être enseigné en faculté. Mes gueules cassées à moi témoignent qu'ici comme ailleurs l'immortalité n'exite pas. Parmi tout ce petit monde d'esquintées, j'ai bien sûr mes préférées, comme celle situé en haut à gauche du troisième robinet et dont l'éclat manquant dessine une jolie étoile à cinq branches ou cette autre à la brillance à jamais disparue et dont l'aspect étrangement terne contraste avec la pureté étincelante de ses congénères du mur nord."
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Commentaires
S
Alors si Colin et Chloé se sont rencontrés là je vais lire cette histoire avec l'âme d'adolescente qui est toujours au fond de la mamie que je suis devenue - mamie, entre autre d'une adorable Chloé<br /> <br /> Simone
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C
Bonjour, j'ai lu ce roman car l'auteur s'était déplacé dans la classe de mon fils lors d'une manifestation littéraire chez nous El Lorraine. Mon fils m'a dit qu'il était très sympa et que son livre avait l'air bien. Alors je l'ai acheté et je me suis régalée.
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