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Le bruit des vagues
21 février 2015

dernière lecture : En finir avec Eddy Bellegueule

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4,5 etoiles

Présentation de l'éditeur :
"Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d'entendre ma mère dire Qu'est-ce qui fait le débile là? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J'étais déjà loin, je n'appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j'ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l'odeur de colza, très forte à ce moment de l'année. Toute la nuit fut consacrée à l'élaboration de ma nouvelle vie loin d'ici". En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Très vite j'ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre

 
Mon sentiment au sujet de ce roman :
Ce n'est pas un livre écrit pour choquer : c'est un récit qui permet à l'auteur de se délivrer en racontant.
N'empêche, il choque !
Beaucoup, du début à la presque fin : jusqu'au moment ou Eddy devient Edouard, jusqu'au moment où, enfin, il peut naître. Donc vivre et respirer. Librement.
Au secours !!! C'est le sentiment que j'ai eu tout au long de cette lecture, que j'ai faite en apnée complète. Heureusement, Edouard a eu ce courage-là : se sauver par sa propre force. En fuyant la misère intellectuelle et sociale.
Tout ceci est raconté d'une manière très impudique et très crue. En général, je dirais que "ça n'est vraiment pas ma tasse de thé". Pourtant, ici, je n'ai jamais pu décrocher. J'étais spectatrice d'un enchaînement d'événements plus sordides et tristes les uns que les autres, espérant avec l'enfant, puis le jeune garçon, la délivrance.
Et j'y croyais, moi aussi.

 

Morceaux choisis :
"Il (le père) demandait à ma mère si j'étais un garçon, C'est un mec, oui ou merde ? Il pleure tout le temps, il a peur de mourir, c'est pas un vrai mec. Pourquoi ? Je l'ai pourtant pas élevé comme une fille, je l'ai élevé comme les autres garçons, bordel de merde !"
"Les silences, au bout d'un moment, on oublie. ça n'a plus d'importance, c'est la vie."
"C'est la surprise qui m'a traversé, quand bien même ce n’était pas la première fois que l'on me disait une chose pareille. On ne s'habitue jamais a l'injure."
"Ferme ta gueule, tu commences à me pomper l'air. Moi mes gosses je veux qu'ils soient polis, et quand on est poli, on parle pas à table, on regarde la télé en silence en famille."
"Il fallait fuir. Mais d'abord, on ne pense pas spontanément à la fuite parce qu'on ignore qu'il existe un ailleurs. On ne sait pas que la fuite est une possibilité. On essaye dans un premier temps d'être comme les autres, et j'ai essayé d'être comme tout le monde."
"La cour de récréation fonctionne comme le reste du monde."
"On ne s’habitue pas tant que cela à la douleur."

Si vous voulez écouter Edouard Louis (ce que je vous encourage à faire, franchement il a un vrai message à faire passer...), c'est par ici (clic).

 

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Commentaires
C
savoir comment ça s'est "fini" (ENS etc, et d'ailleurs il y fait allusion pas très loin dans le récit je crois) permet de lire avec espoir, j'ai beaucoup aimé ce livre, je l'ai lu comme toi "en apnée", choquée et bouleversée, par ces mots d'autant plus crus que l'écriture est factuelle, mais surtout par le récit lui-même ! et en particulier en réalisant qu'il se passe à "mon époque" (mon fils a quasiment le même age que l'auteur/narrateur).
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G
Je me souviens du bruit qu'avait fait ce livre à sa sortie, et des émissions de France Culture à ce sujet. Je m'étais dit que j'aurais envie de le lire.... Et puis je ne l'ai pas fait! Tu me donnes envie de me repencher sur la question !
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Le bruit des vagues
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