dernière lecture : Sauf les fleurs
de Nicolas Clément
Présentation de l'éditeur :
Marthe vit à la ferme avec ses parents et son frère Léonce. Le père est mutique et violent, mais l’amour de la mère, l’enfance de Léonce et la chaleur des bêtes font tout le bonheur de vivre.
À seize ans, elle rencontre Florent et découvre que les corps peuvent aussi être doux. Deux ans plus tard, le drame survient. Les fleurs sont piétinées, mais la catastrophe laisse intacts l’amour du petit frère et celui des mots.
Une histoire bouleversante et charnelle, une langue d’une puissance étincelante : la voix de Marthe, musicale et nue, accompagnera le lecteur pour longtemps.
Mon sentiment au sujet de ce (court) roman :
Cette phrase- là, dès la première page, m’a saisie d'émotion : "J'écris notre histoire pour oublier que nous n'existons plus". ça me préparait pour la suite...
J'avais peu de temps. Anne, me suis-je dit, aujourd'hui tu vas être raisonnable : deux-trois pages, pas plus. Mais avec ce livre-là, ça ne marche pas comme ça. Rien ne peut plus nous sortir de cette lecture. Tout d'abord, le récit est très court, ce qui nous donne bonne conscience, mais surtout il y a ce style si particulier, surprenant, et puis l'histoire, qui ne nous laisse aucun répit. On est pris, comme une proie, à la fois consentante (séduite par le talent du narrateur) et indignée (par la tournure que prennent les événements).
C'est triste et beau à la fois.
Comme une promenade, en hiver, quand tout est sombre et presque lugubre. Pourtant...
Pour moi, cette écriture se situerait presque à mi - chemin entre celle de Christian Bobin et celle de Milena Agus... Autant dire un nectar.
"Je pense à maman qui dort seule. Je donnerais toute ma vie pour avoir une vie. "
"La bouche de Florent descend le long de mes cheveux. Je cherche sur ses lèvres des parents qui s'entendent et se comprennent. Je dois puiser dans cet amour. "
"Ce que j'aime dans un nom, c’est trouver un toit."
"Tu feras pour toi ce que je n'ai pas su faire, élever un arc et viser large."
"Chaque sourire me soutient que la vie est bonne, qu’il ne faut pas toujours chercher à comprendre mais relever les coeurs tombés."
"Virginia me confie Mes patrons sont gentils. A l'aube, j'arrive la première à la teinturerie, je vérifier les paquets que Mike dépose devant la porte. Je ne sais pas si je ferai l'affaire mais ce travail pour payer mes études me plaît. Sortir du polochon les chemises encore tièdes. Plonger mon nez dans les cols. Imaginer que des gens existent autour de moi, même tôt, même pas longtemps."
Ce roman a reçu un prix : le prix du métro Goncourt.
L'auteur présente son roman avec beaucoup de douceur...