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Le bruit des vagues
30 mars 2014

quid de nos rencontres virtuelles : je veux dire de vous et de moi...


‎"(...) Avez-vous remarqué que nous ne savons absolument rien l'un de l'autre ?

Nous créons des personnages virtuels, imaginaires,
nous dessinons l'un de l'autre des portaits-robots illusoires.
Nous posons des questions dont le charme est de ne pas obtenir de réponses.
Oui, nous nous amusons à éveiller la curiosité de l'autre,
et à l'attiser en refusant de la satisfaire.
Nous essayons de lire entre les lignes, entre les mots, presque entre les lettres.
Nous nous efforçons de nous faire de l'autre une idée juste.
Et en même temps,
nous sommes bien déterminés à ne rien révéler d'essentiel sur nous-mêmes.

"Rien d'essentiel", c'est à dire ?
Rien du tout, nous n'avons encore rien raconté de notre vie,
rien de ce qui fait notre quotidien, rien de ce qui est important pour nous".

une citation de Daniel Glattauer,
dans 
Quand souffle le vent du nord 

 

 

DSC01844

 

Création en pâte polymère (broche sertie de perles de rocailles)
qui pourrait par exemple vous faire penser que je suis une personne emplie d'une infinie patience...

Mais...

Et vous :
si vous me parliez un peu de vous ?

;)

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28 mars 2014

le lointain parfait

"Un arbre
est une alliance
entre le proche
et le lointain parfait".

une citation d'Erri De Luca (dans Trois chevaux)

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Photo mars 2014
(lac de Charavines - Le bois d'amour)

25 mars 2014

dernière lecture : Il faut beaucoup aimer les hommes

de Marie Darrieussecq

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3 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. Il se trouve que l'homme est noir. "C'est quoi, un noir ? Et d'abord, c'est de quelle couleur ?" la question que pose Jean Genet dans "les nègres", cette femme va y être confrontée comme par surprise. Et c'est quoi, l'Afrique ? Elle essaie de se renseigner. Elle lit, elle pose des questions. C'est la Solange du dernier roman de Marie Darrieussecq, "Clèves", elle a fait du chemin depuis son village natal, dans sa "tribu" à elle, ou tout le monde était blanc.
Le roman réserve d'ailleurs quelques surprises aux lecteurs de "Clèves", même s'il n'est pas nécessaire De l'avoir lu pour entrer dans cette nouvelle histoire. L'homme qu'elle aime est habité par une grande idée : il veut tourner un film adapté de "au cœur des Ténèbres" de Conrad, sur place, au Congo. 
Solange va le suivre dans cette aventure, jusqu'au bout du Monde : à la frontière du Cameroun et de la Guinée équatoriale, au bord du fleuve Ntem, dans une sorte De "je ntem moi non plus". La forêt vierge est très présente dans toute cette deuxième partie du roman, Qui se passe en pirogue et en 4x4 au milieu des pygmées et des bûcherons clandestins, sous l’œil d'une Solange qui se sent négligée.
Depuis "truismes" en passant par "le bébé" ou "Tom est mort" jusqu’à "Clèves", les romans de Marie Darrieussecq travaillent les stéréotypes : ce qu'on attend d'une femme, par exemple ; ou les phrases toutes faites autour du deuil, de la maternité, de la virginité.
Dans "il faut beaucoup aimer les hommes" cet homme noir et cette femme blanche se débattent dans l'avalanche de clichés qui entoure les couples qu'on dit "mixtes".
Le roman se passe aussi dans les milieux du cinéma, et sur les lieux d'un tournage Chaotique, peut-être parce qu'on demande à un homme noir de jouer un certain rôle : d'être noir. Et on demande a une femme de se comporter de telle ou telle façon : d'être une femme.
Le titre est tiré d'une phrase de Marguerite Duras qui sert d'exergue : "il faut beaucoup aimer les Hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter."

 

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Une très belle écriture, c'est certain. 
Mais l'histoire reste dérangeante. Pas à cause de la différence de couleur de peau (ce dont s'interroge Solange, l'héroïne du roman, dès la naissance de son magnifique amour pour Kouhouesso), mais plutôt l'enfermement et l'attente dans lesquels Solange s'est cloisonnée. Un amour aliénant, dirigé vers un homme (l'Homme !, dirait-elle) qui, à mon avis, ne la mérite pas. Il le lui démontre d'ailleurs tout au long du roman, mais surtout à la fin. Quel muffle !
Dérangeant, aussi, ce monde du cinéma, où les acteurs sont décrits comme des êtres totalement superficiels, vivent-ils sur une autre planète ? S'ils n'y sont pas, la consommation de drogues et autres boissons alcoolisées (plutôt banalisées dans le roman, cela correspond-il à la réalité dans ce monde-là ? C'est l'impression que nous en donne la presse people...) finissent de les déconnecter de la réalité...
Puis vient ce basculement entre deux mondes, avec le passage vers la brousse africaine, hostile. Extrêmement contrasté. Dur. La vraie vie ? La secousse dont a besoin Solange pour enfin réagir ? Je crois que c'est là la partie que j'ai préférée de ce roman et, après réflexion, je la trouve même assez fascinante. Un tas d'images restent collées devant mes yeux, un peu oppressantes, comme l'est sans doute l'Afrique entière... 

Un sentiment mitigé, donc, pour moi...  

 

 
Morceaux choisis :
Et il porte sur la mer un regard infini.
Au bout de combien de temps se rompt un lien ? se dénoue une histoire ? L'amour, lui, empirait. L'amour idiot, celui qui empêche de vivre. Le désir qui est une des forme de l'enfer. 
Vouloir se faire aimer de tout le monde plutôt qu'un seul, ça lui faisait comme un repos.
Avant la rencontre, elle se passait de lui. Elle ne percevait même pas son champ magnétique : elle l'ignorait superbement
Le visage est ce que l'on ne voit pas de soi. Le dos non plus, je vous l'accorde. En se contorsionnant, on attrape un éclat d'omoplate, un peu de clavicule et de reins. Mais on porte devant soi son visage comme une offrande.
Un regard sur la mer et elle voudrait être la mer. Un regard sur les vagues et elle voudrait être les vagues. Elle voudrait être le vide, elle voudrait être l'ailleurs, elle voudrait être la chanson qu'il a dans la tête et elle voudrait qu'il la chante, elle, qu'il dérive, oui, mais vers elle ; elle voudrait être cette pensée évasive.
Est-ce que c'était ça l'amour, cette façon d'attendre et maintenant, de regarder bouger les belles lèvres sur les belles dents sans écouter ?
Elle songea qu'elle n'avait pensé à lui que par intermittence : l'exotisme est une distraction puissante.
Les arbres avertissent et préconisent. Les arbres prennent le parti des sages. Les grottes sont sacrées.
Seuls les gens sans vision s'échappent dans le réel, c'est ce que disent les Zoulous
Pas le même homme de face et de profil.
 
Beaucoup de beaux passages sur l'attente :
Attendre est une maladie. Une maladie mentale. Souvent féminine.
Mais qu'importe les lieux et les temps, le monde ici et maintenant était à nouveau peuplé d'un seul homme.
De lui, de cet homme qu'elle aimait, de lui dont elle apprenait les goûts, l'histoire, le plaisir, la force , le talent et le manque d'humour, de lui dont elle commençait à redouter les humeurs, de lui elle ne savait rien. ...
L'objet précis de son attente - lui, ici. Lui et pas un autre. L'attente était tellement vaste qu'il en était pour ainsi dire dissous. Devenu -lui, cet homme- impossible. Une constellation dont l'existence est connue, visible dans le ciel, mais inatteignable et de ce fait, abstraite, et à la longue, indifférente.
L'attente recommençait, l'attente comme une maladie chronique. Une fièvre engluante, une torpeur. Et entre deux rencontres, deux réinfections, elle s'imprégnait lentement de ce paradoxe: elle attendait un homme qu'elle perdait de vue, un homme comme inventé. L'attente était la réalité; son attente à elle la preuve de sa vie à lui. 
22 mars 2014

vaste monde du vivant (ou résilience ?)

"Un pur esprit s'accroit
sous l'écorce des pierres."

Gérard de Nerval

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Photo printemps 2013
(pierre enchâssée sous la roche)

18 mars 2014

dernière lecture : La vérité sur l'affaire Harry Québert

de Joël Dicker

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3,5 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Un jeune écrivain américain à succès, mais en panne d'inspiration, part dans le New Hampshire tenter d'établir l'innocence de Harry Quebert, son mentor.Légendedes lettres américaines, ce dernier est accusé d'avoir assassiné vingt-cinq ans plus tôt sa (trop) jeune maîtresse... Argument de polar ? Oui, bien sûr. Et LaVérité surl'affaire Harry Quebert en est d'abord un, dont les six cent soixante-dix pages, écrites dans un style simple et clair, se dévorent comme les gros thrillersjudiciaires de Scott Turow.
Mais il n'est pas que cela : Joël Dicker, jeune auteur suisse révélé en début d'année par un thriller historique, Les Derniers Jours de nos pères, réussit en plus àglisser des notations habiles sur les Etats-Unis, sur sa littérature, son côté parfois fabriqué et ses compromissions. L'intrigue se resserre vite sur les rapportsentre le héros et son maître, et met en son centre l'idée de transmission et celle de la fabrique du talent. Il n'est pas exclu que, preuves à l'appui, Dicker ait aussiréussi à répondre à une des questions de son roman : comment écrit-on un (bon) livre à succès ? En tout cas, voici le sien sélectionné sur la première liste des jurés Goncourt.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Envie de dire : bouquin bourré de rebondissements ! Impossible de le poser, quel que soit le moment de l'histoire. De là lui donner un prix, je ne crois pas que je serais allée jusque là. Et pourtant, en y réfléchissant... ll y a tellement de beaux passages. Les personnages prennent vie entre ces lignes (je pense à Jenny), et l'on comprend mieux le monde de l'édition qui incite jusqu'à l'usure ses écrivains. C'est un roman extrêmement prenant, jusqu'à la toute fin, ce qui est un véritable tour de force de l'auteur.
Mais vraiment, je n'ai pas aimé le personnage de Nola-amoureuse, mais problablement est-ce ainsi que les filles de 15 ans aiment... Un avis qui reste mitigé, donc, à cause de cette histoire d'amour gnangnan-harlequinesque, pourtant pilier central de toute cette histoire, à laquelle j'ai encore un mal fou à croire...

Morceaux choisis :
"Où que vous fuyiez, vos problèmes s'invitent dans vos bagages et vous suivent partout".
"On a la vie qu'on se choisit"
"Le don de l'écriture est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner du sens à votre vie"
"Au cas où vous ne l'auriez pas encore remarqué, la vie, d'une manière générale, n'a pas de sens. Sauf si vous vous efforcez de lui en donner un et que vous vous battez chaque jour que Dieu fait pour atteindre ce but".
"Vous savez ce qu'est un éditeur ? C'est un écrivain raté dont le papa avait suffisamment de fric pour qu'il puisse s'approprier le talent des autres".
"(..) elle l'aimait Elle le savait. C'était un sensation qui ne trompait pas, il n'y en avait aucune autre pareille : elle se sentait différente, elle se sentait plus heureuse ; les journées lui semblaient plus belles Et surtout, lorsque'il était là, elle sentait son coeur battre plus fort."
"Personne n'est libre. Si les gens étaient libres, ils seraient heureux".
"Tout ce que je sais c'est que la vie est une succession de choix qu'il faut savoir assumer ensuite"
"Personne n'est libre, mon garçon Nous sommes prisonniers des autres et de nous-mêmes".
"(..) que le monde des livres était passé du noble art de l'imprimerie à la folie capitaliste du XXe siècle, que désormais un livre devait être écrit pour être vendu, que pour vendre un livre il fallait qu'on en parle, et que pour qu'on en parle il fallait s'approprier un espace qui, si on ne le prenait pas soi-même par la force, serait pris par les autres Manger ou être mangé."
"Je ne sais pas si ce sont les écrivains qui sont seuls ou si c'est la solitude qui pousse à écrire".
"Au fond, le seul à savoir si Dieu existe ou n'existe pas, c'est Dieu lui-même".
"On n'est jamais sûr de rien (..). C'est pour ça que l'existence est parfois si compliquée".
"Personne ne sais qu'il est écrivain. Ce sont les autres qui le lui disent"
"La liberté, l'aspiration à la liberté est une guerre en soi".
"Qui ose, gagne".
"La vérité ne change rien à ce que l'on peut éprouver pour autrui. C'est le grand drame des sentiments".
"L'amour donne du sens à la vie Quand on aime, on est plus fort ! On est plus grand ! On va plus loin !"
"Un bon livre ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit ses sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre est un livre que l'on regrette d'avoir terminé".

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16 mars 2014

ça sent le printemps !

2014-025CollierLeBruitDesVagues

Collier très indiscipliné,
en pâte polymère

 

Les cabochons de ce collier ont été plus ou moins composés lors de notre dernière rencontre-polymériste chez Olga.
Puis ils ont changé d'allure (avec ajout de transfert, de peinture...).
J'ai enfin réussi à finaliser le montage du collier hier, il était temps, me direz-vous :
cela fera maintenant 3 semaines qu'il a été commencé... 

Les détails et photos de notre sympathique rencontre sont sur le blog "P'tits cailloux".

Ah ! Vivement de toutes vous retrouver ! J'adore ces moments partagés...


Une création récente 
qui ne serait pas encore visible en b
outique vous plaît ? 
N'hésitez pas à 
me contacter
 

15 mars 2014

un cadeau

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« Le cheval
est un cadeau de Dieu
à l’homme. »

(Proverbe arabe)

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photos mars 2014
(du côté de Paladru..)

13 mars 2014

dernière lecture : Les piliers de la terre

de Ken Follett

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4 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Dans l'Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre.
Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle.
La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
--
Abandonnant le monde de l'espionnage, Ken Follet, le maître du suspense, nous livre avec "Les Piliers de la Terre" une œuvre monumentale dont l'intrigue, aux rebonds incessants, s'appuie sur un extraordinaire travail d'historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l'Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d'une superbe épopée romanesque dont il aimerait qu'elle n'ait pas de fin.

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Un récit absolument passionnant, qui nous propulse dans un autre siècle, où la vie était bien plus malmenée qu'aujourd'hui ! ça fait du bien de lire ça... on oublie quelle chance on a de vivre à notre époque ! Les personnages sont vivants, l'histoire pleine de rebondissements. Un régal... 

Morceaux choisis :
"Priez pour demander des miracles, mais plantez aussi des choux."
"Prêter serment, c'est mettre son âme en péril."
"Tôt ou tard, toute femme indépendante se fait traiter de sorcière."
"- Je regrette de t'avoir rendu si malheureux.  - Surtout pas cela. Regrette plutôt de m'avoir rendu si heureux. C'est ça qui fait mal, femme."
"- Vous croyez que c'est une histoire vraie ?  Elle le regarda avec intérêt et il contempla ses beaux yeux sombres.  - Je ne sais pas, dit-elle, je me demande toujours si les histoires sont vraies. la plupart des gens s'en moquent : ils aiment simplement les histoires."
"La première victime d'une guerre civile, c'est la justice."
"Une mère est toujours inquiète"
"Mais il doutait que la proportion fût au cour de la beauté. Il avait le goût des choses folles et désordonnées : les hautes montagnes, les vieux chênes et la chevelure d'Aliena."
"Dieu sait ce qu'il fait. Tout a un sens."
"Phillip n'avait pas peur de mourir, il avait peur de la souffrance."
"La première victime d'une guerre civile, c'est la justice".
"La proportion, c'est le coeur de la beauté".
6 mars 2014

sous mes doigts

« Il faut garder jusqu'au dernier instant l'émotion
et l'attente de la nouveauté,
le frémissement qui naît sous les doigts
avec l'imprévu. »

Eric Fottorino dans « Un territoire fragile »

2014-023&024ParureLeBruitDesVagues

Collier et boucles d'oreilles en pâte polymère,
avec serti en perles de rocaille

 

2 mars 2014

dernière lecture : prières nocturnes

de Santiago Gamboa

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4 etoiles

 

Présentation de l'éditeur :
Accusé de trafic de drogue et emprisonné à Bangkok Manuel, un étudiant en philosophie colombien, risque la peine de mort s’il ne reconnaît pas sa culpabilité, mais sa seule préoccupation est de revoir sa sœur, disparue. Touché par son histoire, le consul de Colombie, amateur de cocktails au cœur tendre, se lance à la recherche de la jeune femme pour convaincre Manuel de lutter malgré tout. Il va découvrir le désert affectif d’une famille immergée dans une société violente, d’une petite bourgeoisie prisonnière du qu’en-dira-t-on et fascinée par une richesse inaccessible.
Dans une prose limpide teintée de mélancolie, ce roman nous parle d’une femme prête à tout pour défendre son idée de la justice et permettre à son frère de vivre ses rêves, et d’un étudiant qui n’hésite pas à risquer sa vie pour retrouver la seule personne qui lui a donné son amour. Formidable raconteur d’histoires Santiago Gamboa nous emmène à travers le monde sur les traces de son héroïne passionnée et cynique qui retourne sa beauté contre ceux qui veulent l’exploiter et fait d’un amour fraternel une raison de vivre.

 

Mon sentiment au sujet de ce roman :
C'est un roman que je n'aurais certainement pas acheté, donc lu, s'il ne m'avait été offert. Drôles de circonstances... le site Babelio (une véritable mine d'or pour lecteur affamé, et dont je suis membre depuis quelques temps déjà) est partenaire d'une opération en collaboration avec les éditeurs : Masse critique. Bref, voilà environ 3 semaines, je recevais ce roman dans ma boîte aux lettres... 
Habituellement, j'aurais plutôt tendance à éviter ce genre de lectures, avec souvent trop de préjugés (roman sûrement trop noir pour moi, je n'en retirerai rien de bien intéressant...). Purs prétextes, car je sais très bien ce qui, au fond, me fait peur : je risque de me retrouver face à une réalité que je préfère la plupart du temps de pas voir, face à des vies trop durement malmenées. Des colombiens, j'en ai connus quelques uns. Il y a quelque chose que l'on retrouve dans leur regard, qui ressemble un peu à de la peur, sinon de l'inquiétude. Et c'est en eux, tout le temps. Je sais maintenant exactement pourquoi.
Ce roman est magnifique, et pourtant terrible "…ça ne va pas être un roman noir. […] Ce sera plutôt un roman d’amour". Oui, on peut voir les choses ainsi... ou inversement ! J'ai aimé, dès les premières pages, l'écriture de Santiago Gamboa, qui nous emmène avec lui dans une spirale infernale. Peu de répit dans ces pages, sinon les courts récits décalés d'Inter-Nette, qui arrivent toujours étrangement et qui, à mon avis, n'apportent pas grand chose à cette histoire, et la rencontre de Juana avec le vieux français, que j'ai trouvée succulente.
Dans un autre roman (la vérité sur l'affaire Harry Québert), j'avais lu qu'"un bon livre est un livre que l'on regrette d'avoir terminé". Alors oui : je viens de terminer un excellent roman !

 

Morceaux choisis :
"Le temps, parfois, est un problème de lumière. Avec les années, certaines formes acquièrent un brillant ou, au contraire, se couvrent d'une étrange opacité. Ce sont les mêmes formes, mais elles paraissent plus vivantes et parfois, parfois seulement, on parvient à les comprendre".
"Un jour, elle a décidé de me regarder. Elle m'a vu, je l'ai vue, nous nous sommes plu et elle m'a donné ce que jusque-là je n'avais obtenu de personne, de la compréhension, ou quelque chose de plus intime : un miroir tombé du ciel où mon âme s'est reflétée."
"Croyez-moi (...), la méchanceté de l'âme se colle au corps et le déforme."
"Les riches se débrouillent toujours pour être déprimés. Ils aiment être malheureux. C'est très élégant d'être triste".
"Une des erreurs de la jeunesse consiste à croire que les gens qui s'intéressent aux mêmes choses sont forcément comme vous. Mais la nature fait son travail, l'esprit souffle où il veut."
"Je dis, pendant que je dors, qu'il vaut mieux vivre heureux un seul instant et se laisser emporter, plutôt que de ne l'être jamais et vivre comme un rongeur".
"Les jeunes sont par définition stupides, mais ce n'est pas leur faute, ils  sont stupides à cause de ce que leur inculquent les adultes : la foi en l'avenir, c'est stupide parce que ça les remplit d'espoir, mais avec le temps ça s'arrange".
"Sais-tu quel est le nom contemporain de la perversité ? La démocratie. Si un chimpanzé avec un tambour devenait populaire et amusant, il pourrait être élu président. Pourquoi le vote de ceux qui n'ont ni critère de jugement, ni éducation, ni culture pèse-t-il autant que le vote de ceux qui ont tout cela ? Pourquoi un vote obtenu avec un pistolet sur la tempe ou en lavant le cerveau des gens par la publicité, ou acheté cinquante mille pesos, vaut-il autant qu'un vote exprimé en toute liberté ? Pose la question aux défenseurs de la démocratie"

 

Un passage sans doute un peu long, mais je le trouve tellement fascinant :
"Quand le vieil homme, qui s'appelait monsieur Echenoz, s'est rétabli, nous avons commencé à parler. Je lui ai demandé pourquoi il avait choisi de rester en Colombie, un pays sous-développé et si violent, dont tout le monde veut partir, il m'a répondu mais non, et toi, tu veux partir ? Je lui ai dit que oui, si je le pouvais, je partirais tout de suite, avec mon frère. Et pour aller où ? N'importe où, n'importe quel endroit au monde doit être mieux qu'ici, j'aimerais aller en Europe, dans un pays civilisé. Il m'a regardée sans me juger, le drap couvrait la moitié de sa poitrine, des poils blancs sortaient des boutonnières de son pyjama. Un pays civilisé ? il a dit. Non, tu ne veux pas quitter la Colombie, ce que tu veux c'est t'éloigner de quelque chose que tu n'aimes pas, mais que tu risques de retrouver n'importe où, disait-il moi je connais bien le monde, l'Afrique surtout, où j'ai travaillé quand j'étais jeune pour des compagnies pétrolières françaises, au Zaïre et au Rwanda, des pays durs, mais aussi magnifiques. Je peux dire la même chose de l'Asie. Malgré les difficultés, la vie y est beaucoup plus belle que dans les endroits "civilisés", d'ailleurs que signifie la civilisation ? En Europe, il n'y a pas de futur. c'est un continent fatigué et grincheux qui veut apprendre à vivre aux autres, mais à force de se regarder dans un miroir, l'Europe s'est figée. Tu fais des études de sociologie ? L'Italie et la France sont gouvernées par des clowns, que signifie être de gauche là-bas ? Pas grand-chose : lire la presse de gauche, avoir un vieux CD de Manu Chao, des tee-shirts du Che et du sous-commandant Marcos, se soucier de l'écologie et des droits de l'homme dans un pays lointain, guère plus. L'Europe, comme toute société opulente, est sur la pente descendante. Comme un individu qui a tout : il est amoureux de lui-même et il s'admire, c'est ce qui se passe là-bas, mais ce que ne savent pas les Européens, c'est qu'ils ne sont l'avenir de personne. Tout au contraire : l'avenir, c'est la périphérie. Pourquoi dire que ce pays est sous-développé et violent, comme si c'était une valeur essentielle, raciale ou culturelle d'une nation et pas d'une autre ? Ce qu'il y a, c'est que la Colombie est un pays jeune, très jeune, qui cherche encore son langage. Ce que tu vois en Europe, cette paix d'aujourd'hui, a coûté deux mille ans de guerre, de sang, de torture et de cruauté. Quand les nations d'Europe avaient l'âge de la Colombie, elles étaient ennemies et chaque fois qu'elles s'affrontaient, des fleuves de sang coulaient, des lagunes, des estuaires, des baies de sang. La dernière guerre européenne a fait cinquante quatre millions de morts. Tu trouves que ce n'est pas violent ? Ne l'oublie jamais. (...) De la violence naissent les sociétés et les périodes de paix, c'est comme ça depuis la nuit des temps, la Colombie est à mi-chemin de ce processus et je t'assure qu'elle va y arriver plus rapidement, et avec moins de sang qu'en Europe."

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