dernière lecture : Suite à un accident grave de voyageur
En septembre 2012, à quelques jours de distance, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER, derrière chez moi, dans les Yvelines. Un vieillard, une mère de famille, un homme qui n’a pu être identifié. À la violence de leur mort a répondu le silence. Il ne s'est rien passé. Nul n’a désigné la souffrance par son nom. Une voix neutre a seulement résonné dans les haut-parleurs de la gare : "Suite à un accident grave de voyageur…" Nos vies ont pris un peu de retard. À cause de trois détresses qui n’ont jamais existé.
Ben là, bingo...
Sauf que je bouillonne et que j'enrage ! Et que j'ai très envie de rétorquer à ce monsieur que c'est parfaitement injuste d'accuser les gens de cynisme, d'égoïsme et d'impassibilité.
Peut-être ne suis-je pas comme "monsieur tout le monde" mais une de mes dernières résolutions a été de désormais ne plus suivre qu'au compte-gouttes les informations, parce que, trop souvent, elles m'arrachent des larmes. Je me sens tellement impuissante devant le malheur qui frappe les uns et les autres : les accidents, les actes de barbaries, mais aussi les "accidents graves de voyageurs", qui m'affectent au plus profond de mon être. Inévitablement, je pense aux familles des victimes, à leurs amis, à ceux qui les aiment. Au pourquoi de leurs gestes. La révolte et une profonde tristesse s'emparent de moi.
Voilà, vous m'avez fâchée. Ah, c'est ce que vous vouliez, n'est-ce pas, faire réagir les gens... Et bien presque, si je n'aimais pas autant vos écrits, nous pourrions être brouillés...
Un tas de raisons devraient vous encourager à lire ce très court récit (sauf si vous êtes un peu déprimé en ce moment...) : outre le fait qu'il nous fait sortir de nos gonds, nous bouscule, nous irrite, nous met face au mur, l'auteur nous rappelle, sans jamais pourtant nous faire la morale, que la condition humaine n'est pas la même pour tous, que les relations humaines se déshumanisent (surtout dans les grandes villes) au point de rendre les gens indifférents au malheur d'autrui. Pourtant, la communication n'a jamais été plus facile qu'à notre époque. Mais virtuelle, alors, la communication...
J'ai aussi trouvé très intéressant d'écouter l'auteur parler de son écrit :