Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le bruit des vagues
31 juillet 2013

dernière lecture : Un territoire fragile

D'Éric Fottorino

9782070344376

5 etoiles

Présentation de l'éditeur :
Clara Werner, biologiste française, a fui Fez et accepté auprès de l'Institut océanographique de Norvège une mission à Bergen. Les crises d'eczéma dont elle souffre la conduisent chez un "accordeur" de corps. 
Eric Fottorino offre un double point de vue, celui de l'accordeur et celui de Clara, sur les souffrances qu'a endurées la jeune femme et qui se manifestent sur son corps tendu et malade : l'indifférence de sa mère, la violence d'Anas dont son père l'a délivrée...

Mon sentiment au sujet de ce roman :
Un texte magnifique... De l'émotion à fleur de peau, et pourtant beaucoup de pudeur. La souffrance de Clara, et l'impuissance de "l'accordeur" pour l'approcher (la toucher) suffisemment pour pouvoir l'aider.
J'ai adoré tous les mots de ce médecin osthéopathe, tellement respecteux de la vie, que tout met sur la voie du mouvement juste (un air de violon, les conseils de son père, la "maladresse" de sa main gauche). A la recherche de la bonne clé : celle qui fera tomber l'armure... 
Importante aussi : la rencontre de Clara avec le peintre, dont le regard ne s'est pas trompé...
Je crois qu'il serait dommage de passer à côté de ses maux ces mots sans les entendre...

Morceaux choisis :
« Votre mère ne vous a pas donné grand-chose, à part la vie.  »
« Je suis un accordeur de corps. J'accorde les muscles et les vertèbres comme un guérisseur de piano rend leur souplesse aux cordes martelées de la table d'harmonie. C'est toute ma vie, accoder. Au fond, je ne connais pas d'oeuvre plus humaine. »
« Le coeur aussi est un muscle strié. J'en déduis qu' on peut décider la seconde de sa mort. »
« L'éloquence peut être muette comme la plus profonde, la plus insoupçonnable des blessures. »
« Rien n'est jamais gagné, pas même la mer pour un port. »
« D'abord voir, ensuite concevoir. »
« Il faut garder jusqu'au dernier instant l'émotion et l'attente de la nouveauté, le frémissement qui naît sous les doigts avec l'imprévu. »
« Chaque corps est un résumé du monde. Le temps lui passe dessus, dépose ses marques. Il apprend la vie, c' est le mouvement, puis se déprend d'elle, s'accomode de regarder les autres exister. »
« Chaque douleur est une mémoire. »
« Il suffit d'un petit rien, d'un os en porte-à-faux pour mal commencer dans la vie. »
« Le corps est la chair de l'esprit. Chaque tourment de l'âme laisse sous la peau un fêlure et dessus, une foulure. »

Un passage un peu plus long : « Deux ans de ma vie, jour après jour, j'ai remodelé ce corps en rébellion. Mes mains ont repris chaque ligne, les sillons profonds, la courbe des épaules, de la nuque, l'aplat de son dos et jusqu'à l'arc de ses lèvres, de ses sourcils, la mâture de ses jambes, ses chevilles interminables, la déclive de ses pieds. Mais je vais trop vite. Au début, je ne pouvais pas la toucher, à peine l'effleurer. Sa peau était minée. Je la frôlais comme on frôle une catastrophe. »

 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ca donne envie de s'y plonger, merci !
Répondre
Le bruit des vagues
Publicité
Newsletter
Mes livres sur Babelio.com
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 438 232
Publicité