L’Elégance du hérisson
de Muriel Barbery
Résumé :
Après son premier
roman sorti en 2002, Muriel Barbery prend le temps de nous faire
partager sa passion pour le Japon dans un roman très… parisien !
‘L’Elégance du hérisson’ joue avec les paradoxes grâce à des
personnages discrets mais surprenants. Drôles. Profonds. Sensibles.
Philosophes. Le hérisson élégant, c’est Madame Michel qui a nommé son
chat « Léon » en hommage à Léon Tolstoï. Concierge de son état, cette
quinquagénaire mal léchée, rude et secrète, est passionnée de
littérature russe et de cinéma japonais. Durant 27 ans, elle a
dissimulé sa culture, pour avoir la paix, jusqu’au jour où le nouveau
propriétaire la démasque immédiatement.
Bousculant
toutes les conventions, Monsieur Ozu - richissime Japonais - l’invite à
dîner. Le pendant cynique de Madame Michel, son âme soeur inattendue,
c’est Paloma, une petite fille de 12 ans, surdouée et malheureuse, qui
voit l’absurdité de la vie, celle de ses proches : sa soeur
normalienne, sa mère sous antidépresseurs, son père un peu lâche. C’est
dans les mangas qu’elle trouve la vérité.
Citations :
«Les hommes vivent dans un monde où ce sont les mots et non les actes
qui ont du pouvoir, où la compétence ultime, c’est la maîtrise du
langage.»
«Cette éclosion de la beauté pure au cœur des passions
éphémères, n’est-ce pas ce à quoi nous aspirons tous ? Et ce que nous
autres, Civilisations de l’ouest, ne savons atteindre ? La
contemplation de l’éternité dans le mouvement même de la vie ».
«La Civilisation, c’est la violence maîtrisée, la victoire toujours inachevée sur l’agressivité du primate».
«La faculté que nous avons de nous manipuler nous-mêmes pour que ne
vacille point le socle de nos croyances est un phénomène fascinant».
«L’évocation des arbres, de leur majesté indifférente et de l’amour que
nous leur portons nous apprend à la fois combien nous sommes dérisoires
(…) et nous rend en même temps dignes de vivre, parce que nous sommes
capables de reconnaître une beauté qui ne nous doit rien».
«Il
faut vivre avec la certitude que nous vieillirons et que ce ne sera pas
beau, pas bon, pas gai. Et se dire que c’est maintenant qui importe :
construire maintenant quelque choe, à tout prix, de toutes ses forces.»
«Nous savons que nous sommes des bêtes dotées d’une arme de
survie, et non des dieux façonnant le monde de leur pensée propre».
Commentaires :
Quel heureux hasard, quel bonheur… Présenté parmi les
nouveautés de notre bibliothèque, c’est le titre de ce roman qui m’a attirée. Bien
m’en a pris : j’ai adoré. Les deux personnages principaux vivent
sous le même toit, sans vraiment se connaître, avec la même approche de
la vie, le même décalage ressenti envers leurs « proches » qui les
connaissent si peu… Dommage qu’il y ait parfois des « discours
philosophiques » un peu longuets (j’avoue : j’ai « sauté 2 / 3 pages,
dans lesquelles je m’égarais un peu…). Mais sinon : un tas de thèmes
abordés qui laissent songeur, de l’émotion, de belles tournures de
phrases, de la poésie.
Un petit bijou.
La nature morte de Monsieur Ozu
[Source image : www.kunsthaus.ch]